mardi 14 février 2017

Le Jeu de la banque

Sur son site "Crapouillotage", Gwen propose un très chouette fichier pour fabriquer le matériel du jeu de la banque ainsi que 2 films en anglais pour comprendre le fonctionnement de ce matériel.

Cela m'a rappelé que j'avais fait pour le blog des parents d'élèves de l'école un très long article pour leur expliquer le fonctionnement du jeu de la banque qui a passionné les enfants pendant de longues périodes chaque année.

Le temps d'aller le retrouver dans mes archives et de le retoucher à peine, je vous le livre ici, en complément de la vidéo, notamment pour celles et ceux qui ne sont pas très à l'aise avec l'anglais.

J'aime beaucoup ce matériel qui permet vraiment de travailler le calcul mental puisque les enfants doivent utiliser les résultats des tables de multiplication ainsi que la multiplication par 10, 100, 1000, de tête. C'est là qu'on voit que les enfants ont vraiment bien intégré le système décimal car ils passent d'une catégorie à l'autre facilement.

Habituellement, il faut 4 personnes pour utiliser ce matériel (un client, un banquier, un contrôleur et un secrétaire) mais un enfant peut tenir tous les rôles à la fois s'il veut travailler seul. Néanmoins, travailler au moins à 2 est recommandé car les enfants tirent un grand profit de travailler ensemble, de confronter leur souvenirs de mémorisation de multiplication, d'échanger leur stratégie...

Dans un premier temps, les enfants étalent sur un tapis toutes des cartes les symboles des unités aux millions. Ce sont les étiquettes sur fond blanc. On les présente bien avec les unités à droite.

I. Multiplication avec un multiplicateur à un seul chiffre


Les enfants choisissent une multiplication. Au départ, on commence par une « petite », c’est à dire un multiplicateur inférieur à 10. (C'est ce que vous voyez dans le 1er film proposé par Gwen)
1. Le multiplicateur est sur fond gris-bleu (ici, 3) et le multiplicande sur fond des 3 couleurs hiérarchiques. Comme vous le voyez, ce dernier peut être aisément décomposé, comme lorsque nous faisons la magie du nombre
P1220552(Note: Si vous regardez la vidéo anglaise, vous constatez que multiplicateur et multiplicande sont posés à l'inverse de nous. Cela pour tenir compte de la manière dont nous disons la multiplication dans chaque langue.
En français, nous disons "3 fois 5274", ce qui rend logique que le multiplicateur soit placé en 1er. 
En anglais, on dit "5247 taken 3 times" autrement dit "5247 pris 3 fois". C'est pourquoi le multiplicateur est placé en seconde position")

lundi 13 février 2017

Zoologie: Classement des vertébrés I

Les vertébrés


Vous l'attendez tous avec impatience, voici la suite de la classification des animaux. Nous allons maintenant nous occuper des seuls vertébrés que nous avons isolés dans une boite.

I. Les tétrapodes

Nous avons un premier jeu d'étiquettes d'une couleur assez foncée et d'une grande taille. Néanmoins, si les étiquettes ont la même hauteur elles n'ont pas la même largeur, vous allez comprendre pourquoi dans la suite.
Pour faire cette première présentation, nous n'allons pour l'instant prendre qu'une seule étiquette de nom et l'étiquette de caractéristiques qui lui correspond. Nous demandons à l'enfant: "parmi tous ces animaux, nous allons mettre de côté ceux qui ont 4 membres. Tous les animaux que nous allons mettre ensemble ont deux membres antérieurs et 2 membres postérieurs. Ces membres sont de part et d'autre de leur colonne vertébrale et ils sont reliés par un ensemble d'os qui entourent la colonne vertébrale et que l'on appelle "ceinture". 
La ceinture des membres postérieurs, vous la connaissez bien, ce sont les os que vous sentez là et qui forment votre bassin (faites-la sentir aux enfants). La ceinture des membres antérieurs, ce sont les os qui forment chez vous vos épaules: les clavicules et les omoplates (touchez-les en les nommant). Les 4 membres des vertébrés que nous cherchons sont donc reliés au corps par ces 2 ceintures. Vous allez voir que nous allons mettre dans ce groupe des animaux qui n'ont plus leurs 4 membres mais dont les ancêtres ont eu quatre membres."
Pour ceux et celles qui se demandent pourquoi une si longue introduction, vous verrez que cela va aider les enfants, lorsqu'ils verront un requin, un esturgeon ou un thon, à déterminer si les nageoires peuvent être considérées comme des membres. Si les enfants hésitent, demandez-leur s'ils ont déjà vu dans les sardines quelque chose qui ressemble un bassin. Eventuellement, prévoyez de montrer une image de squelette d'un poisson et une image du squelette d'un oiseau et d'un cheval.
Pour rappel, si les enfants ont un peu pratiqué Montessori en 3-6, ils ont vu les puzzles des animaux ainsi que la nomenclature des animaux. Les termes de "membres (ou pattes) antérieurs " et "postérieurs" sont donc connus. Choisir des squelettes de poissons, cheval et oiseau renvoie à ces puzzles dont les animaux se veulent des modèles d'une catégorie d'animaux.

L'étiquette "4 membres" étant posée, les enfants classent. Sur la photo, j'ai placé une règle pour bien délimiter les 2 groupes car nous n'avons pas d'étiquette pour l'autre groupe pour l'instant.



Pendant notre classement, nous allons tomber sur deux types de cas particuliers.
Voici le premier:


Nous, adultes, nous savons qu'il s'agit de mammifères marins. Nous allons expliquer aux enfants que les 2 nageoires de part et d'autre du corps sont bien des membres antérieurs rattachés aux vertèbres par une ceinture. Comme les enfants sont censés avoir vu le 2ème Grand récit (l'apparition de la vie), nous pouvons faire appel à leurs souvenirs:"Les ancêtres de ces animaux avaient 4 pattes. Mais quand ils sont retournés vivre dans l'eau, leur corps s'est adapté: leurs pattes antérieures sont devenues des nageoires dans lesquelles on retrouve les os des membres antérieurs, quant à leurs membres postérieurs, ils ont disparu remplacés par une queue. Mais à l'intérieur de ces animaux, on retrouve, attachés à minuscule bassin, de tout petits os qui sont la trace de leurs membres postérieurs."

trace du bassin et des pattes arrières chez la baleine
Nous pourrons donc classer ces 4 mammifères marins avec les autres puisque nous avons précisé: "ces animaux, ou leur ancêtre ont 4 membres".

Voici maintenant le 2ème groupe d'animaux problématiques:



Les 2 serpents, bien sûr! Là encore, il nous faudra expliquer que les ancêtres de ces serpents possédaient 4 pattes. Comme ces animaux se sont mis à avancer en ondulant sur le sol avec leur long corps, leurs pattes les gênaient. Alors les individus nés sans pattes ont été avantagés et ont donné naissance aux serpents actuels. Mais dans un certain nombre d'entre eux, on retrouves des os minuscules, vestiges de leurs pattes.

Nous avons maintenant classé toutes les images. Nous pouvons donner un nom au groupe que nous avons isolé: les tétrapodes. Les enfants ont déjà vu l'élément grec "pode" avec les arthropodes et les céphalopodes. Il ne reste que le grec tétra qui veut dire 4.


Et les autres alors? Nous demandons aux enfants de les regarder. Spontanément, ils vont dire que ce sont des poissons. Nous leur expliquerons alors: "Oui, autrefois, tous ces animaux formaient un seul groupe qu'on appelait, les poissons. Aujourd'hui, nous les classons différemment et je vous l'expliquerai lorsque nous verrons le grand tableau de classement des animaux. Pour l'instant, nous allons continuer à les appeler "poissons" pour simplifier." Et nous sortons notre étiquette "ancien groupe des poissons" avec l'étiquette de caractéristiques qui dit "attention, ces animaux ne forment plus un groupe."


Comme d'habitude, nous aurons préparé un système d'autocollants pour l'auto-correction.



II. Les amniotes et les lissamphibiens.


Avant de présenter ce nouvel embranchement des vertébrés, il vaut mieux attendre que les enfants aient refait le tri des tétrapodes et se soient habitué à classer sous une étiquette "4 pattes" des animaux comme la couleuvre ou le dugong!

Pour ce nouveau classement, nous repartons de ce que nous avons vu lors du 2ème Grand Récit: "Vous vous souvenez, lorsque les premiers vertébrés sont sortis de l'eau? Ils n'étaient pas équipés pour la vie dans l'air. Ils devaient rester près de l'eau car leur peau se desséchait rapidement. Quant à leurs œufs, ils devaient les pondre dans l'eau, sinon leurs petits mourraient... Vous rappelez que plus tard, d'autres animaux ont pu vivre plus loin de l'eau car leur peau était protégée du soleil par des écailles et ils n'avaient plus besoin de pondre dans l'eau. L'eau dont les petits avaient besoin pour se développer était à l'intérieur de l'œuf, bien à l'abri dans une membrane qu'on appelle l'amnios. Au début, l'amnios était protégé par une coquille, mais ensuite, certains animaux le gardent à l'intérieur de leur ventre .
Eh bien, aujourd'hui, nous allons classer les tétrapodes en 2 groupes: d'un côté, nous mettrons ceux qui ont une peu toute lisse, sans écaille, poil ni plume et qui doit être humidifiée régulièrement. Ce sont aussi les animaux qui doivent pondre leurs œufs dans l'eau. De l'autre, nous mettrons ceux dont les ancêtres s'étaient habitués à la vie dans l'air et dont les petits étaient bien à l'abri dans l'amnios plein de liquide avant leur naissance."


Une fois faite cette mise au point, le classement est assez facile pour les enfants. Les mammifères marins peuvent poser problème (peau lisse) mais en rappelant qu'ils ne pondent pas d'œuf mais qu'ils ont leur petit dans leur ventre dans un amnios plein d'eau, tout va bien.

Il ne reste plus qu'à donner les noms de ces 2 familles.
Pour les animaux à peau lisse, ce sont les lissamphibiens. Le mot contient l'adjectif lisse puis les deux éléments grecs "amphi" et "bios". Le premier veut dire "double"et le second "vie". Les enfants, qui ont étudié le cycle de la grenouille en 3-6 trouvent facilement que cela est dû à la phase totalement aquatique du petit doté de branchies alors que l'adulte respire l'air à l'aide de ses poumons.



Les autres animaux appartiennent à la familles des amniotes, dont le nom est transparent lorsqu'on a bien donné leur caractéristique.

Remarquez, sur la photo, que lorsque nous avons fait ce classement, nous avons laissé les étiquettes "vertébrés" et "tétrapodes". Il faut que l'enfant comprenne bien que nous faisons un sous-groupe dans le groupe tétrapodes, de même que nous avions fait des sous-groupes parmi les arthropodes et les mollusques.
Ainsi, nous pourrons dire que l'autruche est un vertébré, tétrapode, amniote alors que la rainette est un vertébré, tétrapode, lissamphibien. Autruche et rainette ont 2 caractéristiques sur 3 en commun.

Vous constaterez également que l'étiquette des amniotes est plus large que celle des lissamphibiens car les amniotes sont plus nombreux. A ce stade, nous ne ferons pas de sous-groupes parmi les lissamphibiens (mais nous en ferons dans le tableau) alors que nous allons continuer à classer à l'intérieur du groupe des amniotes.

Maintenant, il ne vous reste plus qu'à fabriquer vos étiquettes et à vous entraîner avant la parution du dernier article de la série!

dimanche 12 février 2017

J'ai lu "Quand les enfants commencent après 6 ans"

Lorsqu'on ouvre une école Montessori avec une classe 6-12 ans, l'une des problématique que nous avons à gérer c'est: "Comment faire avec des enfants de plus de 6 ans qui n'ont jamais vécu Montessori avant?"
En fonction des écoles, les réponses sont variables. Certaines n'acceptent pas d'enfants qui ne viennent pas d'un cursus montessorien, ou alors de manière très exceptionnelle. D'autres acceptent tous les enfants, surtout quand la classe 6-12 ouvre avant que la classe 3-6 ait pu devenir un vivier suffisant pour la classe 6-12.
C'est ce que nous avions vécu à l'école, puisque la 1ère année, sur les 11 enfants de 6-12, seule Clémence avait fait tous le cursus 3-6 ans et 4 enfants avaient participé à des ateliers Montessori de manière plus ou moins régulière, hors temps scolaire, un à deux ans avant l'ouverture de l'école. Les 6 autres découvraient totalement et une bonne partie d'entre eux arrivaient avec une histoire compliquée dans leur expérience précédente de l'école.

Comment faire alors pour arriver à créer cette communauté qu'est une classe 6-12 ans alors que toutes les formations ne traitent généralement que du cas d'enfants arrivant du 3-6 ans, donc déjà "normalisés", ayant l'habitude du travail en autonomie et ayant acquis un bon nombre de notions académiques?

C'est pourquoi, lorsque j'ai découvert que les Editions "L'Ecole vivante" sortaient un livre intitulé "Quand les enfants commencent après 6 ans", j'ai été très intéressée et je me suis empressée de l'acheter.


samedi 11 février 2017

Clémence: Bilan d'un retour en système classique



La semaine dernière, Clémence devait partir une semaine en classe de neige. Manque de chance, 3 jours avant le départ, elle est tombée dans les escaliers de son collège: bilan: 3 semaines d'attelle et pas de possibilité d'accompagner sa classe à la montagne!
Elle a donc passé la majeure partie du temps à la maison et a partagé un peu de notre vie sans école avec Pauline, rédigeant son dossier EPI sur la santé et la sécurité en montagne. Pendant un moment, nous avons retrouvé un peu de l'ambiance d'avant l'ouverture de l'école, même si les filles sont maintenant beaucoup plus grandes et que nous n'avons plus de salle Montessori dédiée.

En prenant cette photo, je me suis dit que c'était enfin l'occasion de vous parler de Clémence et de vous donner de ses nouvelles depuis son entrée en collège.

Vous vous rappelez sans doute que Clémence nous avait demandé à entrer en 6ème avant même que nous sachions que l'école allait fermer. Nous espérions fort pouvoir l'inscrire au collège Saint-Charles d'Angers qui est le collège d'application des travaux de Pascale Toscani sur l'utilisation des neurosciences en milieu scolaire. Un projet et un état d'esprit très intéressants, même si, au quotidien, tous les adultes ne sont pas toujours au diapason du projet.
Malheureusement, ce collège (qui ne fait pas de sélection et prend les inscriptions par ordre d'arrivée) devient de plus en plus demandé et notre inscription fut trop tardive. Impossible donc d'y avoir une place...
Nous avons donc choisi un collège privé proche de notre habitation de l'époque dont le projet paraissait plutôt ouvert et bienveillant. Il proposait entre autre une option sciences dont l'objectif était le seul plaisir de la découverte, sans note ni devoir supplémentaire à la maison.

Pour nous c'était un moment important, après 8 années d'enseignement Montessori avec moi, comment Clémence allait-elle s'intégrer dans le système classique, avec d'autres enseignants que moi?
Même si j'ai toujours répondu avec conviction aux personnes qui me posaient la sempiternelle question: "Et après? Que deviennent les enfants qui ont fait Montessori quand ils passent au collège?", même si j'avais l'intime conviction que Clémence était prête quant aux acquis scolaires et que je la pensais tout à fait prête à s'intégrer dans un groupe plus classique, je ne peux nier que je suis passée par des moments de stress pendant les grandes vacances.
Et si je m'étais trompée sur son niveau? (nous avions pris la décision de la faire entrer avec un an d'avance, pas question de se planter là-dessus...) Et si ça se passait mal avec les professeurs? Et si la charge de travail était trop lourde?... Bref, vous voyez le tableau du parent qui stresse!

Dernières grandes vacances avant le collège!

Heureusement, comme je l'espérais, la rentrée s'est bien passée et Clémence s'est montrée tout à fait au niveau. Quant au collège, j'ai trouvé l'équipe enseignante vraiment bienveillante et à l'écoute. Elle a eu la malchance de tomber dans une classe avec un groupe de garçons vraiment pas finauds et très chahuteurs. Quant aux filles de sa classe, elle n' a pas réussi à vraiment accrocher avec aucune d'entre elles mais elle est s'est fait d'excellents amies (et amis) dans une autre classe.
Quand vers le milieu du premier trimestre, Clémence a commencé à se sentir trop mal d'être appelée sans cesse "la petite" (eh oui, un an d'avance et une taille plutôt petite pour son âge, ça tranchait sévèrement avec les grands gaillards de sa classe... ), d'être bousculée dans les couloirs et traitée régulièrement "d'intello" en raison de ses excellents résultats scolaires par la fine équipe des garçons de sa classe, l'équipe pédagogique a vraiment très bien réagi. Nous nous sommes sentis compris et soutenus et alors qu'en novembre Clémence se réjouissait de nos projets de départ, en juin, ce fut difficile pour elle de quitter ce collège où elle s'était sentie finalement très bien et où elle a laissé de nombreuses amies.
Pour autant, durant cette année de 6ème, j'ai trouvé que l'enseignement était parfois un peu léger. Clémence s'est parfois ennuyé en cours, notamment en mathématiques où, de toute l'année, elle n'a pratiquement vu aucune notion nouvelle. La techno qui l'avait emballée en début d'année a fini par la lasser avec son côté très répétitif et finalement peu créatif. En SVT, elle rentrait régulièrement atterrée par le manque de connaissances concrètes de la nature de ses camarades. Effectivement, quand on pense à tout ce que nous abordons en Montessori en sciences et quand on voit le peu d'ambition du programme de 6ème, on a juste un sentiment de gâchis. Heureusement, le cours de français, très axé sur l'étude de la littérature l'a emballée.

Départ en voyage scolaire


Bref, pour cette première année dans le système classique, malgré le bémol de manque de consistance de certains cours, nous avons plutôt été satisfaits et on peut dire que Clémence s'est parfaitement adaptée à son nouvel environnement, nouant des relations facilement à la fois avec des élèves de son âge, des enfants plus âgées, mais aussi avec ses professeurs qui l'appréciaient beaucoup. Elle a notamment été remarquée pour sa capacité à aider d'autres enfants de sa classe en anglais en leur ré-expliquant les leçons et en fabriquant elle-même des supports de révision très appréciés. Un bilan qui est tout à fait dans la lignée de ce que constatent les études anglo-saxonnes sur le devenir des élèves montessoriens qui rejoignent le cursus classique après le primaire.



Soleil couchant sur la Croix-Rousse à Lyon en septembre dernier


Pour notre arrivée à Lyon, nous avons fait le choix d'inscrire Clémence dans un établissement qui fait partie du même réseau, espérant y trouver la même ouverture d'esprit. Mes frères avaient fréquenté cet établissement il y a 40 ans et la discipline y était sévère, mais nous avions eu des échos très positifs de l'ambiance actuelle. La directrice rencontrée lors de l'inscription avait été très aimable et semblait tenir Montessori en haute estime.
Lors de la rentrée, Clémence a été très soulagée de se trouver dans une classe très calme dans laquelle  elle s'est immédiatement fait des amis et où les enfants ont à cœur de travailler et ne traitent pas "d'intellos" les élèves qui ont de bonnes notes. Elle était également heureuse de ne plus être la première de la classe.

Malheureusement, après quelques semaines, nous avons vite vu les limites de cet établissement que nous découvrons hyper élitiste. Même s'il n'y a pas de volonté de rabaisser l'élève et que les adultes souhaitent qu'ils réussissent, contrairement à bien d'autres parents, ce n'est pas le mot "bienveillance" qui me vient à la bouche quand je tire le bilan.
Disons que les adultes souhaitent la réussite pour leurs élèves, mais c'est à eux (et à leurs parents) de faire le boulot). Donc énormément de travail à la maison, des évaluations dont les contours ne sont pas toujours bien définis (dans son précédent collège, Clémence savait toujours ce qu'on attendait d'elle pour les évaluations, là, c'est flou et même quand le contenue est donné, on constate parfois de gros écarts avec le contenu de l'évaluation) et surtout des professeurs qui pensent sans cesse en terme d'avance ou de retard sur le programme et qui parfois continuent bille en tête même quand l'ensemble de la classe à raté un devoir sur une notion...

Pour mieux connaître la vie de cette établissement, je me suis investie dans l'association de parents d'élèves et je vais parfois de surprise en surprise. Par exemple l'association départementale a organisé un très chouette colloque sur les intelligences multiples. De quoi espérer pour l'avenir!
A l'issue de celui-ci, les parents de l'association, plutôt convaincus, discutent pour savoir comment cela pourrait se traduire concrètement au sein de l'établissement. Intervention du directeur: "C'est bien beau, tout cela, mais nous avons des programmes à tenir, des diplômes ou des concours à faire préparer aux élèves et de toute façon nous avons des instructions des inspecteurs sur comment faire le programme. Si on veut du résultat, il n'y a pas de mystère..." OK. Douche froide. Les autres parents de hocher la tête en silence. Et moi de demander ce que je faisais là....

Quelques semaine plus tard, je discute avec une autre maman pour connaître son point de vue à propos de la professeure de latin qui indique aux enfants que ceux qui auront moins de 15 sur 20 à l'interrogation seront collés. Cette nouvelle m'a choquée, indignée. Pour moi, une colle est un punition très humiliante. Je peux encore supporter que ce genre de sanction soit utilisée pour un comportement inacceptable ou pour du travail non fait, non rendu en temps et en heure. Mais pour un résultat insuffisant, moyen ou même plutôt bon! (rappelons qu'avec 12 on obtient une mention assez-bien et avec 14, une mention bien... ), c'est une exigence d'excellence qui ne devrait regarder que l'enfant et sa famille. Mais la maman interrogée trouve ça "très chouette"! No comment... Encore une fois, j'ai l'impression de ne pas être au bon endroit.

Pour Clémence, cette ambiance élitiste est souvent pesante. Elle continue à bien réussir, mais nous avons besoin de la soutenir et de l'aider à garder confiance en elle. Pour l'instant, elle supporte l'épreuve avec courage et sans en être trop affectée, mais cela implique que nous soyons particulièrement vigilants et très disposés à l'écouter, à accepter et  comprendre ses ressentis. Heureusement, elle arrive de plus en plus à prendre du recul et à observer son milieu, un peu comme une anthropologue ou une entomologiste! Nous avons décidé de ne pas la changer de collège pour l'an prochain puisqu'elle tient le choc pour l'instant et que nous avons l'impression que d'être capable de réussir dans ce milieu en gardant sa liberté d'esprit lui procure une certaine fierté et conforte sa confiance en elle.

En l'observant grandir dans ce milieu, je me dis que si elle avait eu à vivre cela à 6 ans (ou à 3), cela lui aurait très préjudiciable. Mais à presque 12 ans, elle plus de force intérieure pour traverser cela.
Je pense à des discussions avec des personnes rencontrées aux diverses portes-ouvertes de l'école. Se posait régulièrement la question du "milieu protégé" que représente Montessori avec cette double conclusion selon les affinités: "pourquoi les surprotéger?" ou "Mais comment les remettre en milieu classique ensuite?"
Je répondais que les enfants sont un peu comme des plants de tomate. Si vous plantez vos jeunes plants en pleine terre alors qu'ils sont très petits, ils mourront au moindre refroidissement. Si vous attendez qu'ils soient plus vigoureux, alors ils continueront à grandir même s'il y a un coup de froid.
Nous n'aidons pas les enfants en les mettant en milieu hostile petits (ils peuvent certes se "blinder" mais au prix de quels renoncements?) mais si nous leur avons permis de se développer et de fortifier leur personnalité, ils peuvent supporter un environnement plus difficile, à condition d'être soutenus.



Nous continuons donc ainsi tout en étant vigilants. Un plant tomate, même vigoureux, ça finit quand même par geler si le coup de froid est trop important ou trop long. Nul doute qu'après le collège nous lui trouverons un lycée moins élitiste, si elle tient le coup jusqu'à la fin de la 3ème.

Quant à sa sœur, refroidie par l'expérience avec Clémence, j'avais vraiment des doutes pour l'inscrire au même endroit, même si l'année de 6ème reste plus facile que ce que vit Clémence.
Nous avons eu la grande chance (grâce à l'une des assistantes sociales venue pour le contrôle social en janvier) d'apprendre qu'il existait un collège bien plus bienveillant et pratiquant des horaires particuliers (fin des cours à 14h40 pour tous) qui permettent aux sportifs de concilier les études avec leur passion (tandis que les non-sportifs se voient proposer tout un tas d'ateliers très intéressants entre 14h40 et 16h40). Nous avons contacté une des écoles de danse qui propose des cursus sport-études avec ce collège qui a accepté Pauline dans le dispositif tandis que le collège a bien voulu prendre Pauline malgré l'absence de bulletins de notes et le cursus d'école à la maison.
L'adjointe rencontrée m'a tenu un discours très sensé sur les pédagogies alternatives et sur Montessori dont elle connaît effectivement très bien les principaux acteurs sur le secteur. Le collège propose un projet bâti autour d'une "pédagogie de la confiance", de l'autonomie, de la réalisation de soi, de la prise en compte des spécificités (ils proposent entre autres des parcours pour les dys- et le collège en 3 ans pour les précoces) et de l'entraide qui me parle énormément. Reste plus maintenant qu'à espérer que le projet affiché se traduise bien en actes!