mercredi 11 novembre 2015

6-12: faire les choses en grand

Lorsqu'on se renseigne sur le plan de développement des 6-12 ans, un élément revient souvent: à cet âge, les enfants aiment ce qui est grand: les grands nombres, l'Univers, les Galaxies... Mais plus précisément, c'est faire les choses en grand, faire de grandes choses qui est leur moteur. Ainsi pourront-ils s'intéresser aussi aux choses microscopiques dont le monde leur paraîtra formidablement grand et vaste en découvertes. Et parallèlement à ce besoin de s'intéresser à de grandes choses, ils aiment produire eux-aussi de grandes choses.

Sur l'excellent site Montessori guide, dans une video tournée dans une école 6-12, on voit 2 groupes d'enfants discuter de leurs projets. Chacun des 2 groupes a un projet sur les minéraux et l'un des enfants vient parler à l'autre groupe en leur proposant de mettre en commun leurs 2 projets, ainsi cela va donner un énorme projet. Il se réjouit du fait que ça va leur prendre toute l'année tellement ce sera grand et peut-être même déborder sur la suivante!

En ce 2ème jour après la rentrée, notre après-midi m'a donné l'occasion, je crois, de voir se produire le phénomène avec Pauline. J'avais en tête de passer un peu de temps en Géographie à observer les documents du 2ème chapitre du Dossier Hachette sur Le Monde. Dans mon esprit, il s'agissait d'une révision d'éléments déjà vus et manipulé avec quelques informations supplémentaires et il ne s'agissait pas d'y passer l'après midi.

Pauline observait avec moi cette image du livre:




Dès qu'elle a compris comment fonctionnait le graphique, elle m'a demandé si je pouvais lui donner une feuille. Une fois sa feuille en main, silencieusement, sans rien m'expliquer, elle se met à aligner les chiffres. Elle voulait additionner les millions de kilomètres carrés des terres et des océans.

Une fois l'addition effectuée à la main, Pauline l'a vérifiée avec la calculatrice, bon moyen de s'entraîner...



Puis, une fois terminé, elle a additionné les seuls océans et les a soustraits du total pour obtenir la surface des continents.



A ce moment-là, en la voyant faire, j'ai senti combien se vérifiait chez elle l'attrait des grands nombres et aussi la joie de faire de très grosses additions.

Mais je n'étais pas au bout de mes surprises...


A la page suivante, voilà que nous observons ensemble cette carte du relief mondial:



Nous avons déjà abordé le relief terrestre, mais c'est le relief sous-marin qui l'intrigue. Elle pose des questions et, sur une feuille de brouillon, je trace un petit dessin en coupe pour l'aider à comprendre.

Immédiatement, Pauline prend sa propre feuille et commence son propre dessin qui reprend le mien tout en ajoutant un élément pour savoir si elle a bien compris.

Ensuite, elle veut aller plus loin, mais elle est au bout de la page. "Est-ce que je peux avoir une autre feuille?"
Là, je sens que commence à germer un grand travail. Le genre d'activité spontanée à laquelle s'attend l'éducateur après avoir fait une présentation. Et le rôle de l'adulte, dans ces  cas-là, c'est d'être à même de fournir à l'enfant les matériaux dont il a besoin et éventuellement l'aide technique.
Mon rôle ici était tout trouvé: vite, fournir la feuille et lui montrer comment la scotcher à la précédente.



Mais très vite, la 2ème feuille se retrouve complète. Et, tout en discutant, il s'avère que le dessin commencé de manière aléatoire pourrait très bien représenter une coupe de la terre à un certain degré de latitude. Le début serait en Asie, et, sur la 2ème feuille, elle serait en plein Pacifique puis en Amérique. Et pourquoi ne pas continuer?


Les feuilles s'enchaînent alors les unes aux autres et Pauline suit la carte pour trouver quels reliefs représenter.

Pour faciliter son travail, 3 nouvelles feuilles sont scotchées d'un coup. Mais ça ne suffira pas!


Une fois le tour de la Terre terminé, elle constate que le Pacifique est beaucoup trop petit. Je l'aide alors à séparer ses 2 premières feuilles puis à y intercaler une puis 2 feuilles de plus. Lorsqu'elle a fini, elle étale son travail sur le parquet du salon et le contemple avec joie et fierté.



Ensuite Pauline reprend son dessin et le légende avec le nom des océans, des continents, des reliefs continentaux et océaniques.


Et après le goûter, pendant que j'aidais Clémence qui était rentrée du collège, je lui ai proposé de peindre sa frise.



Une fois la peinture achevée, quelle joie de l'étendre à nouveau sur le sol et de la contempler!


zoom sur la partie Asie et Philippines (la coupe est orientée vers le Sud et pas vers le Nord, d'où l'impression que les Philippines sont à l'Ouest de l'Asie... ) Sur la gauche, Pauline a représenté un tsunami qui se dirige vers les Philippines.

Ce grand travail l'a occupée pratiquement toute l'après-midi. Mais c'était son travail, son projet, qu'elle a mené jusqu'au bout. Il répondait à l'intérêt qu'elle a éprouvé lorsque je lui ai montré quelque chose de nouveau. C'était sa manière à elle de s'emparer de la connaissance et de la faire sienne. Nul doute que les notions de plancher, chaines et de fosses océaniques seront claires dans sont esprit maintenant et que la croûte terrestre et la croûte océanique sont maintenant bien reliées alors que ce n'était pas clair auparavant. La notion est intégrée.
Dans cet après-midi montessorien, il ne manquait à Pauline que des enfants de son âge pour partager l'enthousiasme et le travail.

En tout cas, après notre mise au point d'avant les vacances, la reprise à l'air de s'effectuer sous d'heureux auspices. Espérons que cela continue ainsi!

2 commentaires:

  1. Je suis sciée par son autonomie de travail !!!

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    1. Quand Pauline est partie sur quelque chose qu'elle aime, elle a une bonne endurance dans son travail. En même temps, j'étais tout près d'elle pendant tout son travail, à faire des choses et d'autres et je pense que cela l'a beaucoup aidée à se concentrer. Quand je suis partie chercher sa sœur, elle était tout étonnée que l'après-midi soit déjà terminé!

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