dimanche 1 mai 2016

Changement de vie en perspective

Lyon - photo trouvée sur ce site 

J'ai beaucoup de mal à avoir la régularité que je souhaiterais sur ce blog. Mais il faut dire qu'en ce moment je suis pas mal occupée par ailleurs.

Il y a plusieurs mois, nous avons pris la décision de quitter Angers où nous n'avons pas d'attaches familiales et de revenir sur Lyon dont je suis originaire. Mon mari a également postulé pour 2 postes à l'étranger qui tardent à être attribués et auxquels nous finissons par ne plus trop croire, donc nous nous préparons à nous installer à Lyon pour la rentrée prochaine.
Dans cette optique, je prépare les différentes démarches (recherche de collège pour Clémence, recherche d'appartement...) et surtout la vente de notre maison. J'en profite pour désencombrer (c'est fou ce qu'on amasse dans une grande maison!), rationaliser, ranger, réparer les petits riens que l'on néglige mais que le futur acheteur ne manquera pas de voir, nettoyer... C'est intéressant mais très chronophage.
Bref, j'ai un peu de mal à en voir le bout!

Par ailleurs, en plus de l'IEF avec Pauline, je me remets à faire quelques interventions sur la pédagogie Montessori auprès d'enseignants dans une école près de chez moi, auprès d'étudiants en sciences de l'éducation... Ça fait du bien de voir que les enseignants et futurs enseignants sont de plus en plus nombreux à vouloir que les choses changent!
Le bureau de l'ancienne association de l'école - qui a changé de nom - m'a d'ailleurs contactée pour animer une nouvelle série de conférences-ateliers. Je vais donc proposer 3 samedis de présentation de matériel le matin et manipulation encadrée l'après-midi pour le 3-6 ans. Si cela vous intéresse, vous pouvez lire le détail de ces journées sur le site de la Ruche Pédagogique.

Je me réjouis de pouvoir de nouveau transmettre la pédagogie de vive voix comme j'aimais le faire quand l'école fonctionnait et que j'animais des conférences. D'ailleurs je réfléchis de plus en plus à proposer un centre de ressources pédagogiques sur la région lyonnaise. Il y a déjà 2 école Montessori dans la ville mais la demande est forte et je suis sure que des collègues de l'enseignement traditionnel ou des parents ont envie de se frotter à cette pédagogie. Quand je suis allée au futur nouveau collège de Clémence, la directrice s'est écriée en apprenant que j'étais éducatrice Montessori: "Quelle pédagogie formidable! On se demande pourquoi on ne l'applique pas plus!"

Tout cela pour vous dire que j'ai au moins une dizaine d'articles en préparation dans ma tête pour ce blog et un grand article de fond sur la vie pratique en cours d'écriture sur l'autre mais que ça n'avance pas beaucoup! Et avec le soleil qui daigne enfin pointer le bout de son nez et nous réchauffer un tout petit peu (pas trop quand même!), nous avons aussi des envies (des besoins) de sortir nous promener, jardiner un peu...

Mais pourquoi les journées n'ont-elles que 24h??? A très bientôt je l'espère pour un petit article sur la chimie ;-)

dimanche 10 avril 2016

Temps de l'adulte/temps de l'enfant II: le serpent du programme scolaire

Comme promis, voici la suite (mais pas encore la fin) de ma réflexion sur le temps de l'adulte et le temps de l'enfant.

Lorsqu'on cherche à définir ce qu'est la pédagogie Montessori, l'un des points qui revient évidemment, c'est le fait que l'éducateur s'adapte au rythme de l'enfant.
Quand l'enfant se développe à son rythme et que ce rythme a plutôt tendance à suivre celui de l'école traditionnelle, voire à le devancer, tout va bien. Et, de fait, avec la pédagogie Montessori, on se retrouve bien souvent avec des enfants qui lisent à 4 ans et demi, multiplient et divisent l'année du CP voire extraient des racines carrées ou cubiques vers 10 ans...

Mais quand arrive un enfant un peu différent qui ne se développe pas de la même manière que ses camarades, qui prend plus de temps que les autres pour avancer, et qui ne fait pas encore certaines activités dans l'année prévue pour cela par le programme de l'Education Nationale, comment, nous, adultes nous positionnons-nous?
Comment allons-nous régler le temps: sur celui, personnel, individuel de l'enfant? Ou sur celui de la société et du fameux Programme Scolaire qui s'attend à ce qu'à tel âge l'enfant soit capable de telle chose?

Donner du temps à l'enfant me semble de plus en plus la meilleure des choses à faire, et ce, à tous les âges. Je me souviens de ces 2 enfants de 3 ans, qui, en début d'année scolaire ne participaient jamais aux temps de ligne avec les autres. L'idée de venir s'asseoir avec les autres et de chanter avec eux leur semblait quelque chose d'inconcevable. Dans l'équipe ce fut une évidence que nous n'allions pas forcer ces enfants à venir sur la ligne. Nous les avons laissé observer de loin, apprivoiser ce rassemblement d'enfants. Au bout de quelques semaines, l'une s'est rapprochée de plus en plus jusqu'à venir s'asseoir spontanément sur le cercle. Quant à l'autre, en l'observant, nous avons vu qu'il était prêt mais n'osait pas. L'assistante est donc venue le chercher gentiment et il l'a suivie.

Dans ce cas précis, la décision de laisser tout son temps à l'enfant était facile à prendre. C'étaient des enfants très jeunes et cela ne concernait pas un domaine que l'imaginaire collectif associe au "programme" (même si effectivement, savoir prendre sa place dans le groupe fait partie du programme de petite section!). Mais il en va autrement dès qu'on touche au domaine du lire-écrire-compter! Pourtant, dans ces domaines aussi il nous faut faire preuve d'humilité.

Quand je travaillais à l'école il était parfois difficile de ne pas penser au programme scolaire. D'autant que nous avions fait le choix, en ouvrant l'école, de faire en sorte qu'un enfant amené à quitter l'école puisse réintégrer le système classique sans difficulté. Cela nous paraissait comme une évidence, à l'époque et cela rassurait énormément les parents. Pourtant, avec le recul de l'expérience tant de l'école que de l'instruction en famille, je me rends compte que c'est un piège.
En effet, comment respecter vraiment le principe de la pédagogie Montessori, comment respecter le rythme de tous les enfants, si le programme scolaire devient un objectif année par année? Cet objectif annoncé et qui, de fait, était tenu pour la majorité des enfants, a pu devenir un niveau d'exigence pour les parents et une source de tension autour d'enfants qui, justement, avaient le plus besoin qu'on leur donne le temps sans pression.

Nous avons accueilli à l'école des enfants avec des handicaps lourds: trisomie, retards importants de développement cognitif accompagnés de dysphasie... Pour ces enfants-là, nous n'avions paradoxalement pas de difficulté: les parents ne s'attendaient évidemment pas à ce que nous fassions suivre le programme à leurs enfants et nous nous réjouissions tous ensemble de chaque progrès. Effectivement, pas de pression avec ces enfants-là. Mais comment se positionner avec un enfant non handicapé qui n'avance pas au même rythme que les enfants de son âge?

Donna Bryant Goertz  raconte, toujours dans le même ouvrage (voir la partie I) , comment, toute jeune éducatrice elle doit progressivement revenir sur l'illusion qu'elle s'était faite en tant qu'étudiante. Elle imaginait en effet que, dans une classe Montessori, tous les enfants apprendraient plutôt rapidement et sans difficulté. Or, elle remarque au bout de quelque temps que "certains enfants semblent exiger beaucoup plus de temps que d'autres pour atteindre une intégration neurologique, sociale et intellectuelle."
Elle explique qu'au départ, avec son équipe, elle réagissait "à ces phénomènes avec un sentiment d'échec. (...) Ces situations suscitaient de l'anxiété." Mais grâce au soutien d'éducateurs expérimentés auxquels elle a alors fait appel, elle n'a pas baissé les bras et a continué d'appliquer la méthode avec confiance.
"Notre plus grand défi a été de vaincre notre peur et de redéfinir l'échec. Très tôt, nous avons pris l'engagement de préserver l'idéal Montessori dans la classe, et de donner plus de temps aux enfants qui en avaient besoin." Elle explique alors aux parents que, dans l'école, la majorité des enfants apprendront à lire entre 4 et 6 ans mais que certains le feront à 7, à 8 ou à 9 ans et que cela serait "considéré un éventail normal pour le développement des aptitudes de lecture." Et elle ajoute: "Le défi à relever par les éducateurs et les parents de nos élèves consistait à réviser nos idées préconçues sur les aptitudes que les enfants développent à des âges spécifiques et à élargir certains de nos principes - non pas de les changer mais de les élargir - pour nous permettre d'inclure les enfants dont le développement prend quelques années supplémentaires. Nous voulions inclure ces enfants sans les étiqueter et sans prescrire de médicaments."

J'aime beaucoup ce passage. On y trouve plusieurs idées fondamentales.
D'abord, comme elle le note très justement, sa première idée l'avait mise dans une position d'attente vis à vis du résultat des enfants. Quand le résultat n'a pas été au rendez-vous, cela a généré un sentiment d'échec suscitant de l'anxiété. Or si l'éducateur commence à se sentir anxieux vis à vis du résultat des enfants, comment cela pourrait-il créer un climat favorable à l'apprentissage?
La confiance de l'éducateur me semble un pré-requis fondamental, même si c'est plus facile à dire qu'à faire! Alors, si on se met comme objectif qu'on va amener les enfants à tenir le programme scolaire année par année, voyez quelle pression cela met immédiatement sur l'éducateur. D'emblée, c'est lui qui part avec un handicap.
Ensuite, grâce à un entourage approprié, elle a pu mettre le doigt sur un obstacle fort: les idées préconçues. "Un enfant doit savoir faire ceci à tel âge!" Si l'enfant ne s'en montre pas capable, ou bien on en rejette la faute sur l'enseignant et/ou sa méthode, ou bien on étiquette l'enfant d'une tare, pardon, d'une difficulté cognitive ou comportementale.
La réponse de son équipe a été à la fois "d'élargir" ses principes afin d'inclure plus d'enfants et d'éviter au maximum la médicalisation.

Quand j'ai découvert ce livre, il y a 3 ans, ce passage a éveillé un écho très fort avec ce que je ressentais. La confirmation que l'on pouvait laisser le temps au temps avec un enfant qui en avait besoin sans se précipiter tout de suite chez un médecin.
Loin de moi l'idée qu'il faille repousser tout recours à une aide médicale. Il y a malheureusement de véritables pathologies ou handicaps à repérer et à "traiter" le plus tôt possible, comme l'autisme. Mais n'en fait-on pas trop en se précipitant chez un spécialiste à la moindre difficulté?
Quelle image de lui-même se fait le petit de 4 ans qui a encore un petit défaut de langage et qu'on conduit tout de suite chez l'orthophoniste? Lui qui était heureux de parler et se faisait comprendre de tous, il a malgré tout quelque chose qui ne va pas et qu'il faut corriger.
Je me souviens d'un groupe d'orthophonistes venues en stage de formation Montessori et nous disant de prendre son temps avant d'envoyer un enfant en consultation d'orthophonie.
Notre société a une volonté forte de tout contrôler, surtout chez nos enfants. On veut de la norme. Les enfants nés en telle année devraient tous en être à tel point (en oubliant au passage que, dans un groupe d'âge, il pourra y avoir 1 an d'écart entre l'enfant né le 1er janvier et celui né le 31 décembre!). A force de vouloir normaliser à tout prix et d'aller voir le spécialiste immédiatement, nous créons des difficultés là où il n'y en avait pas et, de toute façon, nous allons à l'encontre de la construction d'une forte estime de soi, indispensable pour bien réussir...

Bien sûr, cela suppose un sacré lâcher-prise et nécessite de placer le curseur de nos attentes au bon endroit: celui qui permettra à l'enfant de développer ses qualités.

J'ai eu l'occasion, lors de mon expérience à l'école, de lâcher complètement les attentes scolaires dans un domaine avec un enfant qui était en âge de fréquenter le CP. Lors des 18 mois qu'il avait passé dans la classe 3-6 ans avant d'arriver dans ma classe, nous avions bien vu que ce petit garçon avait besoin de temps pour assimiler certaines choses. Le langage et le calcul n'étaient pas ses activités de prédilection. C'était un enfant qui était encore beaucoup dans le mouvement, l'observation des autres, toujours prêt à aller rendre service à un autre enfant et moins porté à se concentrer sur son propre travail. Très intéressé par le concret et comprenant très bien le système décimal, il avait néanmoins énormément de mal à mémoriser le nom des nombres de 1 à 10. Enfin, c'était un enfant certes très moteur mais qui ne dessinait pas, ni à l'école, ni à la maison.
Lorsqu'il est arrivé en 6-12 ans, c'était justement l'année où je venait de découvrir les travaux de la grapho-thérapeute Danièle Dumont et j'avais proposé tout un tas d'exercices à l'ensemble des enfants, en fonction de leur niveau d'écriture, dans le but de les aider à développer une écriture fluide et facile.
Mais ce petit garçon, lorsque je lui proposais des exercices pourtant destinés à des enfants de maternelle, montrait que sa main était loin d'être prête à l'écriture. Il lui manquait beaucoup d'éléments pour pouvoir rentrer correctement dans le tracé des lettres sans effort et quand il essayait d'écrire, la tension des doigts et du poignet était telle que son tracé était fait de micro-lignes brisées.
Cet enfant avait parfaitement l'âge du CP et, selon le programme, aurait dû pouvoir faire de l'écriture très régulièrement chaque jour. Mais quand je le regardais écrire, je souffrais pour lui et me disais que si nous continuions ainsi, nous ne réussirions qu'à provoquer un blocage et des douleurs dans le poignet pour cet enfant.
La seule solution qui m'est alors apparue a été d'arrêter de demander à cet enfant d'écrire. Je lui ai dit que je pensais que sa main n'était pas tout à fait prête et lui ai proposé d'arrêter d'essayer d'écrire pendant un temps mais de continuer à toucher ses lettres rugueuses, de reprendre certains matériels de vie pratique, essayer de faire du crochet et des formes à dessin (une activité qu'il n'avait presque jamais faite en 3-6, bien qu'elle lui ai été présentée), le tout accompagné de quelques exercices ludiques de Danièle Dumont pour travailler l'horizontalité. Je lui ai expliqué que sa main allait finir de se préparer en faisant d'autres exercices et qu'ensuite, il pourrait se remettre à écrire.
Nous étions alors en octobre. Pendant plusieurs mois, ce petit garçon a fait des tas de choses dans la classe, il faisait des dictée muettes, lisait des mots et des petits livrets, il écrivait des chiffres quand il calculait mais n'a plus écrit une seule lettre avec un crayon. Mais il reprenait avec plaisir des activités de vie pratique et faisait des tas de choses avec ses mains: tisser, broder, repasser, scier, planter, faire des gâteaux... Je lui proposais aussi des mandalas et il re-découvrait les formes à dessin.
En décembre, j'ai eu droit à mon premier "dessin" gentiment offert par lui: juste quelques à-plat de couleurs. En janvier-février, les premiers dessins figuratifs apparaissaient: guère plus que des bonshommes-têtards, mais au moins ils étaient là. Et puis, au retour des vacances de Pâques, il m'a demandé s'il pouvait essayer d'écrire des lettres sur le tableau ligné. C'était la première fois qu'il avait vraiment envie d'écrire.
Quand je suis repassée près de lui 10 minutes plus tard, je n'en ai pas cru mes yeux! Comme sa grande sœur était à côté de lui et l'aidait à travailler depuis le début de la matinée, j'ai pensé un instant que c'était elle qui lui avait fait un modèle. Mais non! C'était bien lui! De beaux "l" absolument magnifiques d'un tracé souple et élancé...
En discutant avec la maman, j'ai appris que pendant les vacances, l'envie d'écrire lui était venue et qu'il avait commencé à s'entraîner, tout seul. Par la suite, je lui proposé de reprendre son cahier d'écriture, laissé de côté depuis octobre. Et enfin il a commencé à écrire d'une écriture relativement liée, sans l'horrible crispation qui rendait tout illisible.

J'avais eu raison de laisser le temps, de ne pas vouloir forcer cet enfant à écrire dans l'espoir qu'il progresse en écrivant. Ceci-dit, dans cet exemple, vous remarquez peut-être que je n'ai pas juste laissé tombé cet apprentissage en me disant "on verra ça plus tard". Je me suis inspirée de mes lectures montessoriennes, de Donna Bryant-Goetz, mais aussi de E.M. Standing. Dans sa biographie de Maria Montessori, Standing parle très bien de l'importance que joue l'adulte sur l'enfant par l'influence qu'il peut avoir sur le milieu.
C'est une notion très montessorienne: quand nous voulons obtenir quelque chose d'un enfant, ce n'est pas sur lui que nous devons faire peser notre influence, mais sur le milieu que nous offrons à l'enfant: notre manière d'être ainsi que les activités que nous pouvons offrir à l'enfant. Par exemple, plutôt que de répéter sans cesse une règle que les enfants ne suivent pas, proposer une activité aux enfants qui va leur permettre de réussir à respecter la règle.
Dans le cas de cet enfant, c'est précisément ce que j'ai essayé de faire: proposer un ensemble d'activités variées qui n'étaient pas l'écriture pour amener cet enfant à l'écriture. D'ailleurs, si on prend le temps de relire les passages de "Pédagogie scientifique T1" consacrées à la calligraphie, on voit bien que, pour Maria Montessori, ce n'est pas en écrivant qu'on se perfectionne dans l'art d'écrire mais en pratiquant encore et encore tout un tas d'exercices préparatoires: "Nos enfants, même ceux qui écrivent déjà depuis un an, continuent toujours les 3 exercices préparatoires qui ont provoqué si parfaitement le langage graphique: nos enfants apprennent donc à écrire et se perfectionnent dans l'écriture sans écrire."

Cet épisode de mon expérience à l'école a été vraiment important pour moi et j'y re-pense régulièrement. Pas un instant je ne regrette la décision que j'ai alors prise. Mais il m'arrive souvent de repenser à l'organisation de la classe à la lumière de cet épisode.
Que se serait-il passé pour tel ou tel enfant si j'avais pu plus lâcher prise? Si j'avais eu moins en ligne de mire les compétences attendues pour un enfant à chaque âge?
Voilà encore un sujet sur lequel je me pencherai bientôt dans un autre billet car celui-ci est déjà bien assez long comme cela.

Et vous? Qu'en pensez-vous? Avez-vous vécu des expériences semblables? N'hésitez pas à m'en faire part en commentaire.



mardi 29 mars 2016

Résultat du concours: le matériel des racines grecques

Vous avez été bien peu à vous inscrire pour participer au tirage au sort que je vous proposais pour gagner le matériel des racines grecques. Seulement 10 participations pour plus 130 vues! Il faut croire que vous êtes un peu timides...
Pour remercier les 10 personnes qui ont joué le jeu de répondre à mes petites questions, j'ai décidé de ne pas faire de tirage au sort et d'offrir ce matériel à chacune de vous ;-)
Je vous laisse m'envoyer un message à cette adresse: marie-helene.barbier (arobase) ecole-ema.fr je vous renverrai le fichier.

Maintenant, voyons de quoi se compose le matériel et comment il s'utilise. Pour le montage, les instructions sont à la fin du billet.

Il y a donc 4 sortes d'étiquettes:
- des mots français (étiquettes imprimées ici sur papier rose)
- des définitions (imprimée également sur papier rose)
- des étiquettes de début de mot de couleur bleue
- des étiquettes de fin de mot de couleur jaune

Vous verrez dans la suite que les étiquettes bleues et jaunes sont à double face...


Maintenant que tout notre matériel est étalé, comment procéder?

mercredi 23 mars 2016

150 000 vues! Un petit concours pour fêter ça!

Récemment le blog a atteint les 150 000 vues!
Pour fêter cet événement, je vous propose un petit concours avec à la clé un matériel de ma fabrication concernant les racines grecques des mots à gagner. C'est un matériel totalement inédit que j'ai conçu pour les élèves de ma classe 6-12 qui permet de décomposer et mémoriser 3 séries de mots et de mémoriser un certains nombre de racines grecques très utilisées dans le vocabulaire scientifique. Ainsi les enfants peuvent par la suite découvrir seuls le sens de mots inconnus composés sur ces racines.

Les enfants de l'école avec le matériel des racines grecques


Pour participer, rien de plus simple: laissez un commentaire sur ce billet en indiquant ce que vous venez chercher sur ce blog et ce que vous aimeriez y trouver.
Lundi 28 mars à 20h, Pauline tirera au sort 5 noms parmi vos commentaires et je publierai dans la soirée un billet spécial expliquant comment utiliser ce matériel. Il vous faut donc laisser votre commentaire avant lundi 28 à 19h55.

Je ne suis pas très active en ce moment sur le blog mais c'est que je suis en pleine re-lecture de certains ouvrages de Maria Montessori pour finir le prochain article que j'ai annoncé sur le temps de l'adulte et le temps de l'enfant. Je suis aussi dans une phase de préparation de nouvelles choses pour le blog que j'espère terminer rapidement.
Donc un blog au ralenti pour l'instant mais qui devrait apporter quelques surprises prochainement.

A très vite donc dans les commentaires!

dimanche 6 mars 2016

Temps de l'adulte et temps de l'enfant (1ère partie): le don du temps

Voici le premier article d'une série que je souhaite consacrer au rythme de l'enfant.
Cette série s'appuie à la fois sur le fruit de mes réflexions par rapport à mon expérience à la maison et à l'école ainsi que sur mes lectures, de Maria Montessori, bien sûr, mais aussi de l'excellent ouvrage de Donna Bryant-Goertz "Children who are not yet peaceful" et qui a paru l'an dernier en France chez Desclée de Brouwer sous le titre "Quand l'école s'adapte aux enfants".

Le point de départ de cette série est la question suivante: "comment respecter réellement le rythme de l'enfant sans nous laisser influencer par notre propre temps à nous, les adultes, qui d'une part avons un mode de fonctionnement différent et d'autre part sommes déformés par l'éducation que nous avons reçue et les pressions de la société?"
C'est une problématique qui me semble fondamentale et qui soulève des points sensibles.

Dans ses ouvrages, et notamment dans le 2ème tome de la Pédagogie Scientifique, Maria Montessori parle abondamment de cet élan intérieur, de ce véritable guide qui fait que l'enfant s'oriente vers le meilleur pour lui même et se révèle un infatigable travailleur en 3-6 et un infatigable "découvreur" en 6-12.
Ceci-dit, rien n'est jamais magique et il ne suffit pas de plonger un enfant dans une ambiance Montessori pour que, du jour au lendemain, il se révèle un "enfant nouveau" tel que Maria Montessori l'a décrit.
Elle-même prend le temps de nous parler de ce qu'elle appelle - d'un mot qui sonne un peu malheureusement- "déviation" (qui signifie simplement que l'enfant est sorti de la voie tracée par son guide intérieur dans un réflexe de protection, en réaction à des conditions qui allaient à l'encore de son développement harmonieux). Elle ne nous cache pas qu'il faut du temps pour qu'un enfant - et a fortiori une classe entière quand on commence tout juste à mettre en place cette pédagogie!- se "normalise", c'est à dire reprenne le chemin de son développement harmonieux.

Les enfants qui arrivent dans une ambiance Montessori ont besoin de temps avant d'intégrer son mode de fonctionnement. C'est vrai en 3-6 et les premiers mois de chaque année sont consacrés à l'accueil des nouveaux. C'est d'autant plus vrai avec des enfants 6-12 surtout si leur passé scolaire a été douloureux.

Je me souviens de cette enfant arrivée à l'école dans un état d'épuisement scolaire. Elle venait d'un établissement appliquant une méthode pédagogique "à l'ancienne" très stricte. L'équipe enseignante n'avait pas été avare de jugements sur cette petite fille, son comportement, ses capacités scolaires... Tous les jours ou presque la petite revenait avec une remarque de son enseignante et le corps enseignant pensait à une classe "spécialisée" pour elle.
Nous étions fin mai. En entendant les parents me raconter le quotidien scolaire de leur fille je leur ai proposé de l'intégrer dès le mois de juin. Et je leur ai expliqué que j'allais commencer par la laisser se reposer. Non pas ne rien faire du tout, mais laisser son cerveau souffler de ces activités très scolaires et donner des choses intelligentes à faire à ses mains car tout dans le discours de ses parents laissait penser que cette petite fille avait besoin que l'on rétablisse l'équilibre.
Pour moi qui venait de lire Donna Bryant-Goetz l'été précédent, il était évident que la première des choses à faire avec cette petite fille était de renforcer sa confiance en soi et laisser revenir le goût d'apprendre avant de se lancer dans le "programme". Et c'est aussi ce que j'ai expliqué aux parents qui me semblaient alors partager complètement mon point de vue.

Et de fait, pendant le mois de juin, cette petite fille de 7 ans a fait beaucoup d'activités de vie pratique et sensorielle tout en découvrant tout doucement les bases du matériel de calcul et de langage et en participant à son rythme aux activités culturelles proposées à la classe ainsi qu'au spectacle de fin d'année.

Petit à petit, la petite fille tendue s'est apaisée. J'ai vu son attention toute entière absorbée par son activité, son sourire plein de fierté de réussir des choses avec ses mains. En l'observant discrètement, je voyais combien cette activité de versé tout de simple qu'elle venait de prendre sollicitait son poignet d'une manière nouvelle pour elle qui allait pouvoir lui apporter de l'aisance pour la suite. En terminant un autre activité, le mouvement de ses lèvres disaient très bien combien elle se sentait tout à coup "capable" de quelque chose.

Certes nous avons vu aussi que cette petite fille aurait un long chemin à faire dans sa gestion de la relation à l'autre et qu'il nous faudrait l'aider, tous ensemble. Mais elle était aussi capable de s'absorber longuement dans un travail alors que sa dernière enseignante voyait en elle une enfant hyper-active. Cette enfant aurait besoin de temps, notamment pour restaurer sa confiance en soi, mais une fois suffisamment bien posée, elle devrait pouvoir s'intégrer dans la classe et progresser.

En la voyant évoluer, je pensais à une anecdote racontée par une de mes amies montessorienne quelques mois plus tôt. Elle avait rencontré une ancienne élève d'une école Montessori de Haute-Savoie. Arrivée à 11 ans avec des lacunes énormes, l'éducatrice a commencé par lui montrer de la vie pratique et sensorielle. La jeune femme a rapporté à mon amie qu'elle avait passé une année entière à ne faire que cela et qu'un jour, il y a eu comme un déclic en elle. Elle a demandé à son éducatrice de lui faire des présentations de langage et de calcul. A partir de ce moment-là, elle n'a cessé de progresser et de rattraper son retard.

A la rentrée de septembre, la petite fille que j'avais accueillie en juin avait déjà regagné pas mal de confiance en soi. Elle restait cependant très dépendante de moi pour choisir ses activités. Elle choisissait seule des activités de vie pratique et sensorielle mais elle avait besoin de moi pour lui dire quoi faire en calcul et langage. Elle avait visiblement envie de démarrer ces matières, sans doute pour ne pas être à la traîne de sa petite sœur, mais elle n'avait pas encore d'élan vraiment personnel.

Petit à petit, cependant, je l'ai vue faire preuve d'initiative et se lancer dans un travail par un élan véritablement personnel et sa concentration et la joie sur son visage à ce moment-là étaient éloquents.
Ce sont des matériels de calcul qui l'ont captivée: les carrés, le matériel des hiérarchies notamment. Elle commençait à se mettre au travail avec plaisir tout en observant beaucoup ce qui se passait dans la classe et en essayant de nouer des relations avec les autres enfants.

Accompagner un enfant ainsi demande du temps, suppose confiance en l'enfant et lâcher-prise quant à nos attentes. Pour l'éducatrice, quand l'école démarre, il est difficile de ne pas céder à l'envie que tous les enfants réussissent facilement et rapidement afin d'asseoir la crédibilité de l'école. Aussi n'avais-je pas donné ce temps à 2 enfants de la classe lors de la 1ère année alors que - avec le recul - je me rends compte qu'ils en auraient eu bien besoin eux aussi.
Pour les parents, il n'est pas si facile d'accepter sans sourciller de respecter complètement le temps de l'enfant. Notre société ne cesse de produire des discours sur les enfants, l'éducation, le rôle des parents... Et dans une société en crise, on espère que les années de formation de l'enfant, autrement dit l'école, lui permettront d'accéder à une bonne vie, à un bon emploi...

Aussi, les parents, une fois qu'ils ont constaté que leur fille commençait à aller mieux, ont commencé à avoir des attentes de niveau scolaire. La petite soeur brillante restée dans l'autre école leur offrait un point de comparaison qui ne facilitait pas le lâcher-prise...
J'ai bien essayé de défendre mon point de vue, de faire comprendre le besoin de temps. Mais je ne me sentais pas aussi assurée que la directrice de l'école de Haute Savoie qui n'hésite pas à dire aux parents d'essayer une autre école s'ils n'acceptent pas que le temps soit laissé leur enfant.
Petit à petit, je me suis sentie tenue de répondre à la demande des parents et à pousser la demoiselle pour qu'elle atteigne un certain niveau dans un certain temps. Elle-même semblait parfois prendre à son compte le discours de ses parents. Et pendant 2 ans, elle a ainsi travaillé dans notre classe et avancé en langage et calcul atteignant un niveau correct pour son âge.
Cependant, en continuant à l'observer, j'ai remarqué que les moments de concentration sont devenus plus rares, les relations avec les autres plus tendues, voire problématiques, petit à petit, la joie de venir à l'école s'est estompée... Les moments de plaisirs dans l'apprentissage restaient, mais nous n'étions plus sur la même voie, c'était autre chose.

Je me demande souvent ce qui se serait passé si j'avais pu laisser cette enfant évoluer vraiment à son rythme sans la pousser. Je pense souvent à ces récits d'A.S. Neill dans "Libres enfants de Summerhill" qui parlent d'enfants qui se décident soudainement à apprendre les matières "scolaires" et couvrent en quelques mois le programme d'une ou plusieurs années. La volonté et la confiance en soi sont clairement au cœur de cette réussite.

Dans son livre "Quand l'école s'adapte aux enfants" ("children who are not yet peaceful"), Donna Bryant Goertz écrit: "Le temps [est] la chose que la société a le plus de mal à accorder aux enfants." Or "Le don du temps est précieux; c'est un don que tout enseignant ou parent pourrait faire généreusement."

Donner vraiment le temps aux enfants reste encore une chose difficile pour nous, les adultes.

Dans un prochain article, je réfléchirai à la thématique du programme scolaire et des enfants qui semblent "en retard".


lundi 8 février 2016

Multiplier un entier par une fraction

Dans un premier temps, nous avons expérimenté l'inverse: multiplier une fraction par un entier. Par exemple 3 X 1/8. La manipulation est très simple puisque l'enfant sait bien ce qu'est une multiplication: prendre un certain nombre de fois la même quantité. Ici, il s'agit donc juste de prendre 3 fois le morceau qui vaut 1/8 et de constater que cela fait 3/8.
On recommence avec d'autres combinaisons, et notamment avec des multiplicandes où le numérateur est plus grand que 1. Par exemple 2 X 3/10. L'enfant va prendre 3 sections de dixièmes une première fois, puis une deuxième fois, soit 6/10.
Parfois, il n'y aura pas assez de matériel pour faire l'opération, par exemple 2 X 2/3. Qu'à cela ne tienne: l'enfant va fabriquer avec du papier les éléments qui lui manquent.

A l'école les enfants ont d'abord effectué 3 X 2/10 sans problème avec le matériel; puis pour 5 X 3/8, ils ont eu besoin de fabriquer des sections supplémentaires


Après cette période manipulatoire où l'enfant enregistre ses résultats sur son cahier sans plus de commentaire, on prend un temps avec l'enfant pour observer tous les résultats collectés et en tirer la règle.
                                          3 X 1/8 = 3/8 ; 2 X 3/10 = 6/10 ; 2 X 2/3 = 4/3

L'enfant constate que le dénominateur ne change pas et que la multiplication se fait entre le multiplicateur et le numérateur seulement. A noter qu'il ne faut surtout pas faire la simplification de la fraction pour l'instant, sinon, on ne trouve pas la règle. Si on a simplifié la fraction pendant le calcul, il faut penser à bien noter d'abord le résultat avec le dénominateur de départ.

Maintenant, passons à l'opération inverse: multiplier un entier par une fraction.

mardi 2 février 2016

Les Saisons - Un beau film et une belle appli

Depuis le début de l'année, nous avions repéré la sortie prochaine des Saisons, le nouveau film de Jacques Perrin. Pauline aime particulièrement les documentaires animaliers. J'avais acheté  la mini-série "Océans" qui développait le film du même nom de Jacques perrin et Pauline l'avait particulièrement appréciée ainsi que la série de DVDs "Planète Terre" de la BBC.

Quand j'ai lu la présentation du film, j'ai été particulièrement alléchée par l'idée de raconter l'histoire de l'interaction des Hommes et de la Nature depuis la fin de la dernière glaciation. Nous avions donc prévu d'aller voir le film cet après-midi, ce que nous avons fait.
Nous n'avons pas été déçues: de belles images, un rythme lent, le rythme des saisons bien rendu et, au fil des commentaires parcimonieux, la pression de plus en plus forte de l'Homme sur le continent européen.