Un samedi matin comme les autres. Mettre les infos en préparant le déjeuner et tomber sur le témoignage d'un médecin urgentiste de l'hôpital Pompidou... Mais que se passe-t-il? De quoi parle-t-il? Pourquoi parle-t-il de dizaines de blessés?
En quelques secondes, une recherche internet m'informe sur l'horreur dont il est question.
Choc, stupeur, effroi.
Immédiatement, notre week-end bascule. Comme des millions de personnes, nos pensées vont aux victimes, à leurs familles. Nous nous sentons solidaires, comme après le 7 janvier.
Bien sûr, il faut informer les filles, tenter de dire l'indicible et accueillir le chagrin et surtout rassurer: le papa passe chaque semaine plusieurs jours sur Paris.
Le premier choc passé, je ne peux m'empêcher de réfléchir à cette situation tellement folle. Comment en sommes-nous arrivés là?
Malheureusement, je n'en suis qu'à moitié étonnée. Voilà longtemps que je trouve que notre société capitaliste occidentale marche sur la tête.
Quelle place donne-t-on réellement à l'individu? Quelles valeurs y cultive-t-on vraiment, au-delà des beaux discours?
Comment s'étonner que certains des citoyens de notre pays ne voient plus d'avenir dans notre pays et se laissent happer par un discours qui promet le bonheur à celui qui suivra aveuglément ses enseignements, quitte à massacrer ses concitoyens?
La société de consommation effrénée, celle qui achète et vend nos "temps de cerveaux disponibles" autant que des boissons ou des armes à la tonne sans aucun état d'âme, celle qui met tout sur le même plan du moment que l'argent est là, est, selon moi, grandement responsable d'une telle situation.
Mais plus encore m'apparaît l'importance de l'éducation. Non pas tant le niveau d'instruction - certains extrémistes sont des personnes très instruites - mais la qualité de cette éducation.
Je ne peux m'empêcher de penser au rêve, à l'idéal de Maria Montessori: instaurer la paix par l'éducation.
Mais pas n'importe quelle éducation. Pas le système qui ne cherche à faire entrer dans le moule, éteint la flamme de vie et de volonté d'un enfant et le rend passif comme une oie qu'on gave de savoir. Mais celui qui permet à un enfant de s'élever, de construire un adulte équilibré dont les valeurs sont profondément ancrées.
En ces jours où nous sommes encore sous le choc et encore dans la peur, j'ose rêver. J'ose rêver d'un monde où les individus auront eu la chance d'être respectés dans leur développement. Auront eu la chance de développer leur volonté par le travail choisi. Auront acquis les valeurs du respect de la vie, de la tolérance, de la justice. Des hommes et des femmes qui auront des rêves qui ne passent pas la destruction de l'autre, animés de volonté et de courage pour faire face aux défis de la vie, qui sachent coopérer et connaissent la valeur de l'entraide. Des hommes et des femmes capables de pratiquer leur religion sans haine, sans ostracisme, sans anathème.
Bien sûr, je sais que ce n'est pas pour demain. Il faudra des générations pour qu'un tel monde puisse advenir. Mais tel le colibri de la fable de Pierre Rabhi, je pense que chaque éducateur qui s'inspire de Montessori ou de pédagogies qui vont dans le même sens, tels que Freinet ou Masson, prépare le terreau pour demain. Pour que demain, nos enfants ou nos petits enfants puissent voir enfin éclore les graines de paix que nous tentons de semer.
Alors résistons en continuant à aimer les plaisirs de la vie qu'apparemment ces fanatiques considèrent comme impies, mais résistons aussi en essayant de former des esprits libres, forts et humains qui feront peut-être changer notre société vers la paix.
Pour terminer, j'avais envie de partager avec vous cette citation de Maria Montessori trouvée sur le blog Nawel_Zelie_Co. Merci à elle pour cette mise en ligne. Voilà qui me donne envie de me replonger dans "l'Education et la paix"que j'avais lu trop vite il y a 5 ans déjà.