mercredi 23 mars 2016

150 000 vues! Un petit concours pour fêter ça!

Récemment le blog a atteint les 150 000 vues!
Pour fêter cet événement, je vous propose un petit concours avec à la clé un matériel de ma fabrication concernant les racines grecques des mots à gagner. C'est un matériel totalement inédit que j'ai conçu pour les élèves de ma classe 6-12 qui permet de décomposer et mémoriser 3 séries de mots et de mémoriser un certains nombre de racines grecques très utilisées dans le vocabulaire scientifique. Ainsi les enfants peuvent par la suite découvrir seuls le sens de mots inconnus composés sur ces racines.

Les enfants de l'école avec le matériel des racines grecques


Pour participer, rien de plus simple: laissez un commentaire sur ce billet en indiquant ce que vous venez chercher sur ce blog et ce que vous aimeriez y trouver.
Lundi 28 mars à 20h, Pauline tirera au sort 5 noms parmi vos commentaires et je publierai dans la soirée un billet spécial expliquant comment utiliser ce matériel. Il vous faut donc laisser votre commentaire avant lundi 28 à 19h55.

Je ne suis pas très active en ce moment sur le blog mais c'est que je suis en pleine re-lecture de certains ouvrages de Maria Montessori pour finir le prochain article que j'ai annoncé sur le temps de l'adulte et le temps de l'enfant. Je suis aussi dans une phase de préparation de nouvelles choses pour le blog que j'espère terminer rapidement.
Donc un blog au ralenti pour l'instant mais qui devrait apporter quelques surprises prochainement.

A très vite donc dans les commentaires!

dimanche 6 mars 2016

Temps de l'adulte et temps de l'enfant (1ère partie): le don du temps

Voici le premier article d'une série que je souhaite consacrer au rythme de l'enfant.
Cette série s'appuie à la fois sur le fruit de mes réflexions par rapport à mon expérience à la maison et à l'école ainsi que sur mes lectures, de Maria Montessori, bien sûr, mais aussi de l'excellent ouvrage de Donna Bryant-Goertz "Children who are not yet peaceful" et qui a paru l'an dernier en France chez Desclée de Brouwer sous le titre "Quand l'école s'adapte aux enfants".

Le point de départ de cette série est la question suivante: "comment respecter réellement le rythme de l'enfant sans nous laisser influencer par notre propre temps à nous, les adultes, qui d'une part avons un mode de fonctionnement différent et d'autre part sommes déformés par l'éducation que nous avons reçue et les pressions de la société?"
C'est une problématique qui me semble fondamentale et qui soulève des points sensibles.

Dans ses ouvrages, et notamment dans le 2ème tome de la Pédagogie Scientifique, Maria Montessori parle abondamment de cet élan intérieur, de ce véritable guide qui fait que l'enfant s'oriente vers le meilleur pour lui même et se révèle un infatigable travailleur en 3-6 et un infatigable "découvreur" en 6-12.
Ceci-dit, rien n'est jamais magique et il ne suffit pas de plonger un enfant dans une ambiance Montessori pour que, du jour au lendemain, il se révèle un "enfant nouveau" tel que Maria Montessori l'a décrit.
Elle-même prend le temps de nous parler de ce qu'elle appelle - d'un mot qui sonne un peu malheureusement- "déviation" (qui signifie simplement que l'enfant est sorti de la voie tracée par son guide intérieur dans un réflexe de protection, en réaction à des conditions qui allaient à l'encore de son développement harmonieux). Elle ne nous cache pas qu'il faut du temps pour qu'un enfant - et a fortiori une classe entière quand on commence tout juste à mettre en place cette pédagogie!- se "normalise", c'est à dire reprenne le chemin de son développement harmonieux.

Les enfants qui arrivent dans une ambiance Montessori ont besoin de temps avant d'intégrer son mode de fonctionnement. C'est vrai en 3-6 et les premiers mois de chaque année sont consacrés à l'accueil des nouveaux. C'est d'autant plus vrai avec des enfants 6-12 surtout si leur passé scolaire a été douloureux.

Je me souviens de cette enfant arrivée à l'école dans un état d'épuisement scolaire. Elle venait d'un établissement appliquant une méthode pédagogique "à l'ancienne" très stricte. L'équipe enseignante n'avait pas été avare de jugements sur cette petite fille, son comportement, ses capacités scolaires... Tous les jours ou presque la petite revenait avec une remarque de son enseignante et le corps enseignant pensait à une classe "spécialisée" pour elle.
Nous étions fin mai. En entendant les parents me raconter le quotidien scolaire de leur fille je leur ai proposé de l'intégrer dès le mois de juin. Et je leur ai expliqué que j'allais commencer par la laisser se reposer. Non pas ne rien faire du tout, mais laisser son cerveau souffler de ces activités très scolaires et donner des choses intelligentes à faire à ses mains car tout dans le discours de ses parents laissait penser que cette petite fille avait besoin que l'on rétablisse l'équilibre.
Pour moi qui venait de lire Donna Bryant-Goetz l'été précédent, il était évident que la première des choses à faire avec cette petite fille était de renforcer sa confiance en soi et laisser revenir le goût d'apprendre avant de se lancer dans le "programme". Et c'est aussi ce que j'ai expliqué aux parents qui me semblaient alors partager complètement mon point de vue.

Et de fait, pendant le mois de juin, cette petite fille de 7 ans a fait beaucoup d'activités de vie pratique et sensorielle tout en découvrant tout doucement les bases du matériel de calcul et de langage et en participant à son rythme aux activités culturelles proposées à la classe ainsi qu'au spectacle de fin d'année.

Petit à petit, la petite fille tendue s'est apaisée. J'ai vu son attention toute entière absorbée par son activité, son sourire plein de fierté de réussir des choses avec ses mains. En l'observant discrètement, je voyais combien cette activité de versé tout de simple qu'elle venait de prendre sollicitait son poignet d'une manière nouvelle pour elle qui allait pouvoir lui apporter de l'aisance pour la suite. En terminant un autre activité, le mouvement de ses lèvres disaient très bien combien elle se sentait tout à coup "capable" de quelque chose.

Certes nous avons vu aussi que cette petite fille aurait un long chemin à faire dans sa gestion de la relation à l'autre et qu'il nous faudrait l'aider, tous ensemble. Mais elle était aussi capable de s'absorber longuement dans un travail alors que sa dernière enseignante voyait en elle une enfant hyper-active. Cette enfant aurait besoin de temps, notamment pour restaurer sa confiance en soi, mais une fois suffisamment bien posée, elle devrait pouvoir s'intégrer dans la classe et progresser.

En la voyant évoluer, je pensais à une anecdote racontée par une de mes amies montessorienne quelques mois plus tôt. Elle avait rencontré une ancienne élève d'une école Montessori de Haute-Savoie. Arrivée à 11 ans avec des lacunes énormes, l'éducatrice a commencé par lui montrer de la vie pratique et sensorielle. La jeune femme a rapporté à mon amie qu'elle avait passé une année entière à ne faire que cela et qu'un jour, il y a eu comme un déclic en elle. Elle a demandé à son éducatrice de lui faire des présentations de langage et de calcul. A partir de ce moment-là, elle n'a cessé de progresser et de rattraper son retard.

A la rentrée de septembre, la petite fille que j'avais accueillie en juin avait déjà regagné pas mal de confiance en soi. Elle restait cependant très dépendante de moi pour choisir ses activités. Elle choisissait seule des activités de vie pratique et sensorielle mais elle avait besoin de moi pour lui dire quoi faire en calcul et langage. Elle avait visiblement envie de démarrer ces matières, sans doute pour ne pas être à la traîne de sa petite sœur, mais elle n'avait pas encore d'élan vraiment personnel.

Petit à petit, cependant, je l'ai vue faire preuve d'initiative et se lancer dans un travail par un élan véritablement personnel et sa concentration et la joie sur son visage à ce moment-là étaient éloquents.
Ce sont des matériels de calcul qui l'ont captivée: les carrés, le matériel des hiérarchies notamment. Elle commençait à se mettre au travail avec plaisir tout en observant beaucoup ce qui se passait dans la classe et en essayant de nouer des relations avec les autres enfants.

Accompagner un enfant ainsi demande du temps, suppose confiance en l'enfant et lâcher-prise quant à nos attentes. Pour l'éducatrice, quand l'école démarre, il est difficile de ne pas céder à l'envie que tous les enfants réussissent facilement et rapidement afin d'asseoir la crédibilité de l'école. Aussi n'avais-je pas donné ce temps à 2 enfants de la classe lors de la 1ère année alors que - avec le recul - je me rends compte qu'ils en auraient eu bien besoin eux aussi.
Pour les parents, il n'est pas si facile d'accepter sans sourciller de respecter complètement le temps de l'enfant. Notre société ne cesse de produire des discours sur les enfants, l'éducation, le rôle des parents... Et dans une société en crise, on espère que les années de formation de l'enfant, autrement dit l'école, lui permettront d'accéder à une bonne vie, à un bon emploi...

Aussi, les parents, une fois qu'ils ont constaté que leur fille commençait à aller mieux, ont commencé à avoir des attentes de niveau scolaire. La petite soeur brillante restée dans l'autre école leur offrait un point de comparaison qui ne facilitait pas le lâcher-prise...
J'ai bien essayé de défendre mon point de vue, de faire comprendre le besoin de temps. Mais je ne me sentais pas aussi assurée que la directrice de l'école de Haute Savoie qui n'hésite pas à dire aux parents d'essayer une autre école s'ils n'acceptent pas que le temps soit laissé leur enfant.
Petit à petit, je me suis sentie tenue de répondre à la demande des parents et à pousser la demoiselle pour qu'elle atteigne un certain niveau dans un certain temps. Elle-même semblait parfois prendre à son compte le discours de ses parents. Et pendant 2 ans, elle a ainsi travaillé dans notre classe et avancé en langage et calcul atteignant un niveau correct pour son âge.
Cependant, en continuant à l'observer, j'ai remarqué que les moments de concentration sont devenus plus rares, les relations avec les autres plus tendues, voire problématiques, petit à petit, la joie de venir à l'école s'est estompée... Les moments de plaisirs dans l'apprentissage restaient, mais nous n'étions plus sur la même voie, c'était autre chose.

Je me demande souvent ce qui se serait passé si j'avais pu laisser cette enfant évoluer vraiment à son rythme sans la pousser. Je pense souvent à ces récits d'A.S. Neill dans "Libres enfants de Summerhill" qui parlent d'enfants qui se décident soudainement à apprendre les matières "scolaires" et couvrent en quelques mois le programme d'une ou plusieurs années. La volonté et la confiance en soi sont clairement au cœur de cette réussite.

Dans son livre "Quand l'école s'adapte aux enfants" ("children who are not yet peaceful"), Donna Bryant Goertz écrit: "Le temps [est] la chose que la société a le plus de mal à accorder aux enfants." Or "Le don du temps est précieux; c'est un don que tout enseignant ou parent pourrait faire généreusement."

Donner vraiment le temps aux enfants reste encore une chose difficile pour nous, les adultes.

Dans un prochain article, je réfléchirai à la thématique du programme scolaire et des enfants qui semblent "en retard".


lundi 8 février 2016

Multiplier un entier par une fraction

Dans un premier temps, nous avons expérimenté l'inverse: multiplier une fraction par un entier. Par exemple 3 X 1/8. La manipulation est très simple puisque l'enfant sait bien ce qu'est une multiplication: prendre un certain nombre de fois la même quantité. Ici, il s'agit donc juste de prendre 3 fois le morceau qui vaut 1/8 et de constater que cela fait 3/8.
On recommence avec d'autres combinaisons, et notamment avec des multiplicandes où le numérateur est plus grand que 1. Par exemple 2 X 3/10. L'enfant va prendre 3 sections de dixièmes une première fois, puis une deuxième fois, soit 6/10.
Parfois, il n'y aura pas assez de matériel pour faire l'opération, par exemple 2 X 2/3. Qu'à cela ne tienne: l'enfant va fabriquer avec du papier les éléments qui lui manquent.

A l'école les enfants ont d'abord effectué 3 X 2/10 sans problème avec le matériel; puis pour 5 X 3/8, ils ont eu besoin de fabriquer des sections supplémentaires


Après cette période manipulatoire où l'enfant enregistre ses résultats sur son cahier sans plus de commentaire, on prend un temps avec l'enfant pour observer tous les résultats collectés et en tirer la règle.
                                          3 X 1/8 = 3/8 ; 2 X 3/10 = 6/10 ; 2 X 2/3 = 4/3

L'enfant constate que le dénominateur ne change pas et que la multiplication se fait entre le multiplicateur et le numérateur seulement. A noter qu'il ne faut surtout pas faire la simplification de la fraction pour l'instant, sinon, on ne trouve pas la règle. Si on a simplifié la fraction pendant le calcul, il faut penser à bien noter d'abord le résultat avec le dénominateur de départ.

Maintenant, passons à l'opération inverse: multiplier un entier par une fraction.

mardi 2 février 2016

Les Saisons - Un beau film et une belle appli

Depuis le début de l'année, nous avions repéré la sortie prochaine des Saisons, le nouveau film de Jacques Perrin. Pauline aime particulièrement les documentaires animaliers. J'avais acheté  la mini-série "Océans" qui développait le film du même nom de Jacques perrin et Pauline l'avait particulièrement appréciée ainsi que la série de DVDs "Planète Terre" de la BBC.

Quand j'ai lu la présentation du film, j'ai été particulièrement alléchée par l'idée de raconter l'histoire de l'interaction des Hommes et de la Nature depuis la fin de la dernière glaciation. Nous avions donc prévu d'aller voir le film cet après-midi, ce que nous avons fait.
Nous n'avons pas été déçues: de belles images, un rythme lent, le rythme des saisons bien rendu et, au fil des commentaires parcimonieux, la pression de plus en plus forte de l'Homme sur le continent européen.



dimanche 31 janvier 2016

Le raz de marée Montessori: beaucoup de scepticisme et un coup de coeur quand même

photo trouvée sur ce site


Ce samedi, nous avions quelques achats à faire dans notre papeterie-librairie scolaire préférée. Comme la papa s'attardait dans un rayon, je déambulais et j'ai fini par me retrouver devant le rayon regroupant les publications estampillées "Montessori".

Je sais bien qu'en ce moment les livres paraissent comme champignons après la pluie, mais le nombre d'ouvrages et activités rassemblés dans ce rayon m'a fait un choc!
Et bien entendu, pas un seul livre de Maria Montesori elle-même...
Du prêt à consommer, de la re-visite, du pseudo-montessori, du presque matériel, et aussi du grand n'importe quoi...

lundi 25 janvier 2016

La Lecture - version complétée

EDIT: Cet article a été mis en ligne par erreur dimanche soir alors qu'il n'était pas complètement rédigé et encore moins relu. Toutes mes excuses à celles et ceux qui l'ont lu dans cet état. Le voici maintenant dans sa version complète et avec - du moins je l'espère - les coquilles expurgées.

La lecture tient une très grande place dans la pédagogie Montessori. J'ai lu récemment dans un blog qui comparait Montessori et Mason que les propositions en lecture chez Montessori étaient très décevantes. Je pense que cela ressort juste d'une méconnaissance du cursus. Il n'est en effet pas facile de savoir ce qu'il en est sur ce point à la seule lecture des ouvrages de Maria Montessori.

Dans ce billet, je ne traiterai que de la partie lecture cursive, c'est-à-dire de la lecture pour les enfants qui ont acquis un niveau suffisant pour lire un livre entier seul, même s'il s'agit d'un livre encore relativement simple.

On pense parfois que la lecture pour Maria Montessori se réduit à la lecture des fiches et livrets accompagnant les nomenclatures. Ces fiches peuvent constituer un entraînement à la lecture pour celui qui est sur la voie de l'autonomie. Elles offrent en effet un support de lecture à un enfant, mais elles ne constituent pas un exercice de lecture en tant que tel. C'est parce que l'enfant s'intéresse à tel ou tel sujet (zoologie, botanique, anatomie, géographie, histoire...) que l'enfant sera amené à lire afin de retrouver et de mémoriser un certain nombre d'informations.
Les nomenclatures sont un outil destiné à apporter des connaissances à l'enfant et à l'aider à mémoriser des concepts et des définitions. Ce n'est que de manière incidente que cela amène l'enfant à lire; je pense que vous comprenez la différence.

Il faut également noter que le niveau de lecture varie avec les nomenclatures. Dans les 1ères nomenclatures de zoologie, Maria Montessori avait conseillé de ne pas mettre de texte. Quand on en trouve malgré tout, c'est un texte qui reste très (trop) simple, c'est pourquoi Maria Montessori avait préféré qu'il n'y en eût pas. Dans ce cas, le texte présent est une incitation à lire des phrases pour de enfants de 5 à 6 ans.
Le texte reste relativement simple dans les premières nomenclatures de botanique et de géométrie. Ce sont des définitions que l'enfant doit pouvoir mémoriser.

définition du segment


Dans les nomenclatures de géographie, d'anatomie, en fonction des sujets abordés, le texte pourra rester simple ou devenir de plus en plus technique.

définition de l'hémisphère Nord, ça reste assez simple
Le texte sur la structure de la terre est plus technique


Dans les nomenclatures d'Histoire, les textes sont parfois courts mais deviennent souvent assez longs. Les enfants doivent posséder un niveau suffisant de lecture pour les travailler sans aide.

Un texte plutôt court sur le chemin de fer

Et un autre beaucoup plus long sur la soie.

Voilà donc pour cette parenthèse à propos de ce matériel qui n'est donc pas un matériel de lecture.

Alors quid de la lecture dans la classe Montessori? Quel matériel emploie-t-on?
Eh bien, quasiment aucun matériel spécifique!
Et c'est normal: nous avons besoin d'aider l'enfant sur le chemin de son apprentissage du déchiffrage jusqu'à l'automatisme. Et pour cela, nous disposons d'un grand nombre de matériel, c'est tout ce que nous utilisons en 3-6 ans et encore un peu en début de 6-12 ans pour mettre l'enfant sur la voie de la lecture autonome.
Afin de permettre à l'enfant d'être pointu dans sa compréhension, tout le travail de grammaire (symboles de natures de mots, analyse grammaticale, approfondissement des natures de mots, analyse logique) mais aussi de vocabulaire (formation des mots, préfixes, suffixes, familles, antonymes, synonymes, homonymes) vient en appui, contribue de manière indirecte mais fondamentale à la progression du niveau de lecture.

Mais n'oublions pas que ce que vise Maria Montesori pour le 6-12 ans, c'est l'auto-éducation. C'est l'enfant qui trouve, avec de moins en moins d'aide, les outils de la connaissance qui lui permettent de progresser.
Donc, dès lors que l'enfant a acquis une certaine autonomie de lecture, le travail de l'éducateur va être de mettre en contact l'enfant avec les objets de lecture. C'est cela le principe même de Montessori, créer un environnement qui permette à l'enfant de s'approprier le savoir.

Ce que vise Maria Montessori en lecture est double:
- l'enfant doit avoir la lecture en lui comme un outil: la principale des clefs qui donne accès au savoir

Le livre comme source de savoir


- l'enfant doit pouvoir disposer de la lecture comme une source de plaisir, de distraction et aussi de réflexion: et ce dont on parle là, c'est de littérature.


Pour ce qui concerne le premier objectif - la lecture comme outil d'accès au savoir - vous voyez aisément combien le matériel spécifiquement montessorien sollicite cet outil, mais il n'est pas le seul. Une classe Montessori est évidemment équipée d'une bibliothèque fournie en livres documentaires et encyclopédies en tous genres. Et, de nos jours, il faut également ajouter l'accès à internet qui requiert de lire pour accéder à de nombreuses informations.

Une recherche internet impose de pouvoir lire suffisamment

Pour développer le goût de lire et le goût de la littérature, essentiellement 3 activités sont proposées:

1 - La lecture mains occupées

Il s'agit de continuer à faire la lecture aux enfants même lorsqu'ils peuvent lire seuls. Le principe est de proposer aux enfants des lectures au contenu culturel et littéraire fort. Des livres qu'il leur serait encore un peu difficile d'aborder seuls mais qui vont rencontrer l'intérêt de l'enfant, être source de réflexion, découvrir un patrimoine culturel, un style littéraire particulier, faire rêver...
Des centaines de livres peuvent convenir: des contes, de la mythologie, des grands classiques, de grands auteurs, des histoires vraies passionnantes...
A l'école, j'ai ainsi lu des tas de contes de nombreux pays, mais aussi le Feuilleton d'Hermès ainsi que d'autres recueils de mythologie, dont les Métamorphoses d'Ovide ainsi que l'Odyssée, mais aussi Le Ramayana; des classiques comme Robinson Crusoë ou des romans de chevalerie, des histoires vraies comme celles d'Helen Keller ou La Rencontre, histoire d'un petit garçon américain qui, perdu et blessé, passa 6 semaines dans le terrier d'une femelle blaireau qui l'a aidé à se nourrir...
La spécificité de cette lecture "offerte" comme on dit à l'Education Nationale", c'est que pendant que l'adulte lit, on propose à l'enfant d'occuper ses mains avec une activité qui n'implique pas l'intellect: mandala, crochet, broderie, scoubidou, couture, modelage... L'idée étant que l'attention portée au message oral se fixe très bien quand la main est occupée, comme lorsque nous griffonnons au téléphone ou en écoutant une conférence.



Cette année, avec Pauline, j'ai remis en place la lecture mains occupées assez tard, mais nous la pratiquons maintenant chaque jour en début de matinée (à l'école, c'était en début d'après-midi).



J'ai pu ainsi lui lire "l'Enfant et la Rivière" d'Henri Bosco (un livre qui m'attirait à son âge mais que je n'étais pas arrivée à lire) et le Roman de Renart (dans la version de Paulin Paris, donc pas une adaptation).



Quand le texte est un peu difficile ou comporte des références culturelles que l'enfant ne possède pas, il faut régulièrement s'arrêter pour donner l'information ou voir avec l'enfant s'il a bien compris. La lecture devient ainsi source d'un apprentissage qui généralement s'ancre bien dans son esprit. Un grand nombre des choses que j'ai pu expliquer lors de ces lectures à l'école sont bien restées et des enfants m'en re-parlaient plusieurs mois plus tard.
Une chose que j'aime bien pratiquer également, c'est, soit au moment de l'arrêt de la lecture, soit à un moment particulièrement important, m'arrêter et demander aux enfants ce qu'ils pensent qu'il va se passer ensuite.

2 - La lecture silencieuse

Puisque l'enfant est capable d'autonomie alors il est bon qu'il puisse l'utiliser. Il ne reste plus maintenant qu'à proposer une plage de temps dédiée à la lecture silencieuse. Chez nous et dans la plupart des écoles Montessori qui le pratiquent, ce temps a lieu au retour en classe l'après-midi; cela présente également l'avantage de proposer un temps calme entre l'effervescence de la récréation et la reprise des activités culturelles.
L'enfant a à sa disposition une multitude de romans parmi lesquels il choisit en fonction des ses goûts et de son niveau de lecture. Un classement par difficulté et par type permet à l'enfant de mieux choisir. L'adulte guide les enfants qui en ont besoin. Occasionnellement, un ouvrage documentaire peut remplacer le roman.
L'enfant prend le temps de choisir car on va lui demander d'aller au bout du livre. Néanmoins, il faut savoir rester souple et si un enfant était capable de m'expliquer correctement pourquoi il ne voulait plus continuer (trop grande difficulté, erreur de choix...) il pouvait en changer. Parfois, une simple explication pouvait également lever des difficultés et l'enfant pouvait reprendre sa lecture.

Le choix des ouvrages est varié: beaucoup de romans pour la jeunesse choisis avec soin pour leur qualité (intérêt de l'histoire, narration), des recueils de contes, des romans plus classiques. Nous avions bien entendu des livres de la collection "cabane magique" qui a du succès auprès des jeunes lecteurs, mais aussi beaucoup de livres de la collection Castor-poche qui présente un catalogue incroyable de romans très variés avec beaucoup d'histoires réalistes qui apportent énormément aux enfants. Pour les plus grands, plusieurs romans de la collection "rouge et or" ont eu du succès (La petite fille au Kimono rouge, le petit lord Fauntleroy, Djinn la malice...).
Pour approvisionner la bibliothèque, un passage régulier chez Emmaüs me permettait de trouver des merveilles aussi bien en romans qu'en documentaires et de repartir avec un plein sac pour le prix d'un documentaire neuf.
Cette année, Pauline, qui s'était mis dans la tête qu'elle n'était pas une bonne lectrice, avait peur de piocher dans certains romans que je lui proposais. mais à la bibliothèque, elle avait emprunté un roman de la série Kinra girls. Je ne connaissais pas du tout mais je dois dire que j'ai été agréablement surprise, surtout par la série qui présente chacun de 5 personnages avant leur rencontre et qui nous permet de découvrir son pays d'origine. Mais même les autres aventures de ces jeunes filles permettent aux enfants d'apprendre des tas de choses. Pauline en a avalé pas mal et cela l'a réconcilié avec la lecture.


Maintenant, je peux lui proposer d'autres romans - que je sélectionne pas trop longs pour qu'elle garde sa confiance. Je suis tombée récemment sur 2 petites perles chez Folio. "Le chat qui parlait malgré lui" a été dévoré. C'est un petit bijou d'humour et de style. Pauline lira bientôt le roman de François Place. Je l'ai notamment choisi en fonction de son goût pour le Japon.




De temps en temps, à l'école, nous prenions le temps d'échanger sur les livres lus: les enfants présentaient au groupe un livre qu'ils avaient terminé en indiquant le type d'ouvrage, les personnages, le niveau de lecture, pourquoi ils avaient aimé...
Pour pouvoir faire ces présentations, j'avais auparavant prévu des petites leçons avec les enfants afin qu'ils sachent se repérer dans les différents types de livres: fiction/documentaires, conte/légende/roman , roman d'aventures/policier/réaliste/historique/fantastique/de science fiction...
La présentation des livres par les enfants donnait aux autres l'envie d'en lire. Mais ils échangeaient aussi naturellement. Quant à moi, quand je ramenais de nouveaux livres, je prenais le temps de présenter brièvement chaque livre pour donner envie aux enfants d'aller piocher dans les nouveautés.

Le temps lecture était un temps très agréable que les enfants appréciaient. A leur rythme ils apprivoisaient les livres et pouvaient ainsi développer leurs compétences de lecteurs et développer leur goût de lire.

3 - La mise en voix

Dans l'Antiquité, on ne lisait qu'à voix haute et cela impliquait un travail de préparation conséquent car les livres étaient écrits sans ponctuation avec les mots collés les uns aux autres! Lire pour les autres étaient très répandu et cela implique que l'on ait fait sien le texte, qu'on se le soit approprié.

Pour préparer ces mises en voix, Maria Montessori avait préparé un exercice de lecture: des séries de phrases de plus en plus longues à lire en mettant le ton et en jouant la situation. Sur la fin des phrases de la série, il y a des dialogues et les enfants peuvent travailler à plusieurs.
J'avais ce matériel mais je l'ai peu utilisé dans la classe.

Par contre j'ai beaucoup proposé aux enfants de 6-12 ans de préparer des lectures pour les enfants de 3-6 ans. Pour les plus jeunes, cela les motivaient énormément pour progresser en lecture, pour les plus grands, il y avait également l'intérêt de mettre le ton, d'offrir une lecture la plus vivante possible.
A chaque fois, les enfants concernés travaillaient la lecture d'un album entier ou d'un petit documentaire, seuls ou en se répartissant la lecture.
Il relisaient au moins 4 fois leur livre avant de proposer leur mise en voix et s'exerçaient avec moi au moins une fois afin d'améliorer leur diction.
Ensuite, quand je validais leur préparation, ils pouvaient aller lire pour les 3-6 en début d'après-midi en une ou plusieurs fois selon la longueur du livre. Un moment de fierté et de satisfaction intense.

faire la lecture aux 3-6 ans dont on vient de quitter la classe

Et pour conclure: amener l'enfant à la littérature, à la connaître, à l'apprécier et même à être capable de l'analyser est évidemment l'un des buts poursuivis par Maria Montessori dans sa programmation de l'étude du langage.
Nous venons de voir comment, une fois les fondamentaux de la lecture posés, nous amenons l'enfant à devenir un lecteur à tous les sens du terme au travers de ces 3 grands exercices.

Mais bien évidemment, si nous voulons que l'enfant en tire tout le parti, il faut aussi prévoir de courtes leçons qui vont lui permettre d'aller plus loin.
J'ai déjà parlé du fait d'apprendre à différencier les types de textes. Cela suppose notamment d'avoir des recueils ou des banques de textes, de les proposer aux enfants, d'en discuter avec eux, de faire émerger différentes notions littéraires en fonction de leur niveau, de situer les grands auteurs, de mettre également en voix, de jouer...
Une lecture régulière d'extraits est également un très bon support de travail pour l'expression écrite. Elle peut venir avant une proposition d'écriture ou aussi, plus montessorien, après un essai de rédaction par l'enfant, pour apporter à l'enfant les éléments littéraires dont on sent qu'il manque.
Ces présentations ne sont alors pas le traditionnel travail de "texte et questions" que l'on pratique très souvent en classe. Il s'agit déjà de mini-leçons de littérature, qui s'adressent plus aux 9-12.

La formule "texte et questions" peut être utilisée ponctuellement comme un sondage de la bonne progression du niveau de lecture de l'enfant. Je l'utilisais toujours l'oral. Pour la pratiquer, je proposais parfois des extraits, mais de temps en temps aussi, j'allais auprès d'un enfant durant le temps lecture pour discuter avec lui de son livre et lui poser quelques questions sur le livre en général et le passage qu'il était en train de lire en particulier. Régulièrement également, je demandais à l'enfant de bien vouloir m'en lire quelques lignes à haute voix. Cela me permettait d'avoir une idée plus juste de son niveau de lecture.

Enfin, les recueils ou banques de textes restent évidemment consultables à tout moment et les enfants peuvent s'en emparer sans notre aide par lecture plaisir. Certaines "plongées" dans des recueils ont ainsi conduit des enfants à me demander si nous avions le livre d'où était tiré l'extrait et ont ainsi lu le livre entier si nous le possédions...






samedi 16 janvier 2016

Retour sur la toile

Me voilà enfin de retour après 2 mois de silence, déjà!

D'abord, puisque nous sommes encore en janvier, je vous souhaite une belle et douce année 2016. Qu'elle soit pleine de sourires d'enfants et d'yeux qui pétillent. Qu'elle vous apporte, en tant qu'adultes, l'occasion de réaliser vos projets dans la sérénité.


Chez nous, nous avons des projets familiaux qui ont bien occupé nos esprits. Il est encore un peu tôt pour en parler car nous sommes encore en attente de réponses. J'en parlerai quand nous aurons des certitudes.

Côté institution, nous avons passé les contrôles pour l'IEF. Le contrôle social en décembre avec un RDV fixé qui a été annulé au dernier moment par l'assistante sociale et repoussé juste avant les vacances. La visite a été rapide, non intrusive et sans jugement porté sur notre choix. Ouf!

A peine en avions nous fini avec la visite sociale que nous avons reçu la date pour le contrôle pédagogique, fixé au 15 janvier. Ça a un peu pesé sur nos vacances de Noël, mais nous nous sommes dit que si tout se passait bien, nous serions tranquilles jusqu'à la fin de l'année.

Nous avons donc pris le temps de profiter de nos familles et beaucoup bougé pendant nos vacances. Après une longue période pendant laquelle le papa était très peu à la maison, accaparé par son travail, nous avons eu la chance de l'avoir avec nous pendant toutes les vacances. Nous en avons profité pour savourer le plaisir d'être tous ensemble et faire des choses simples: se promener en ville, choisir chacun un  livre à la librairie (nous essayons d'en acheter moins en ce moment et de profiter au maximum de la bibliothèque, du coup, aller se choisir un livre qu'on achète de temps en temps devient un plaisir que nous goûtons mieux), aller au cinéma, faire une promenade le long de la mer...



A la rentrée, j'ai pris le temps d'écrire à notre inspectrice pour lui expliquer comment nous travaillons. Même si notre méthode reste proche de celle de l'école traditionnelle - plus proche en tout cas que le un-schooling- il me semblait plus simple de faire un écrit dont elle puisse prendre connaissance avant le contrôle. J'ai également parlé de Pauline et demandé à ce qu'elle ne passe pas de longs tests écrits. Elle écrit maintenant bien et avec de moins en moins de réticence, mais je ne voulais pas que de longs tests ne viennent remettre tout cela en question.

Et puis nous avons attendu en reprenant notre rythme habituel. Hier l'inspectrice et son conseiller pédagogique sont arrivés en début d'après-midi. Des personnes sympathiques et ouvertes. Je me suis félicitée d'avoir demandé des contrôles pas trop longs, parce que Pauline a quand même passé 1h20 avec le conseiller alors qu'il annonçait 30 mn maximum! Heureusement, il était très gentil avec elle et la faisait travailler oralement dès que possible. Elle a quand même écrit un peu et lui comme l'inspectrice ont eu la bonne idée de la complimenter sur son écriture et sur le soin de ses cahiers. Elle en a été ravie.

Pendant que Pauline travaillait, j'étais un peu plus loin avec l'inspectrice. Là encore, j'ai apprécié que ses questions restent peu intrusives (mais sans doute ma profession y est pour quelque chose). Elle était très intéressée par la démarche utilisée et à l'écoute. Evidemment, elle comme lui sont très marqués par le "moule" éducation nationale. C'était évident et parfois comique, mais ils étaient foncièrement bienveillants à notre égard donc cela ne n'a pas été pesant. J'ai une petite liste de conseils d'activités que je pourrais/devrais faire, très dans la norme éducation nationale, mais c'est un peu attendu dans ce genre de situation. Je dirais que le conseil, c'est la figure imposée de l'inspecteur!

Bref, au bout d'1h20 d'exercices en français et mathématiques, Pauline a été libérée et nous avons eu un débriefing auquel je m'attendais: tout va bien! Le conseiller a bien perçu la facilité de Pauline pour le raisonnement mathématique. Il a insisté sur le fait qu'elle connaissait bien le sens des opérations. Cela m'a bien fait sourire, sachant que ce conseiller supervise l'instillation d'ateliers Montessori en maternelle dans la circonscription. Le travail sur le sens des opérations, c'est pourtant fondamental en Montessori.
Côté langage, le bon niveau de lecture et de compréhension a été relevé. Il faut que nous continuions a travailler sur la conjugaison et les accords, mais tout va bien. Pauline a été très heureuse de savoir qu'elle avait un bon niveau de lecture et de compréhension. Elle se compare à sa sœur sur ce point depuis toujours au point qu'elle avait dit il y a 2 ans: "la lecture, c'est pour ma sœur, pas pour moi." A force de rappel qu'elle a 2 ans de moins qu'elle et de réassurance, elle a fini par apprivoiser les livres et à se jeter dedans comme sa sœur, mais toujours avec l'idée insidieuse qu'elle n'était pas une bonne lectrice. Pour le coup, l'évaluation par quelqu'un d'autre que moi a été bénéfique pour elle.

Pour conclure, nous sommes soulagées et heureuses que cela soit passé. Pour nous, le contrôle s'est bien passé, mais je comprends que cela puisse être très compliqué pour les familles qui ont fait le choix d'une méthode plus éloignée de la manière de faire de l'éducation nationale. Le contrôle était finalement assez lourd pour Pauline alors que j'avais demandé qu'elle soit principalement évaluée sur le travail réalisé. Pour le coup, ce premier test de ses connaissances va sans doute renforcer sa confiance en elle et lui faire du bien car il s'est bien passé. Mais pour les enfants qui sont en unschooling, cette manière de procéder n'est visiblement pas adaptée pour évaluer ce qui est acquis.

Maintenant que cette période est passée, j'espère revenir plus souvent sur le blog. J'ai dans la tête plusieurs sujets de réflexion que j'aimerais développer. Espérons que ce sera rapidement.