En septembre, quand la pluie nous avait gratifié de quelques bonnes visites, nous avions fait une première sortie dans les bois de notre commune, en compagnie d'une autre famille non-sco.
Nous avions eu alors la surprise de trouver, entre autres, pas mal de bolets. Non pas la belle espèce du cèpe de Bordeaux, mais des bolets rudes (leccinum) et des bolets chrystentéron (qui bleuissent fortement à la cassure) et quelques bolets de bouviers. Brefs, rien de très gustatif, mais la taille des spécimens avait emballé les enfants.
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Un énorme spécimen, mais hélas un peu vieux |
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Des bolets orangés (leccinum aurantiacum) en train de sortir |
En ce début du mois d'octobre, au moment de commencer notre séance de travail de l'après-midi, le temps était si beau, que nous avions envie d'en profiter. Comme il avait plu quelques jours auparavant, nous avons décidé de repartir dans notre bois, seules, cette fois-ci.
Je m'attendais à voir des amanites, notamment des tue-mouches, car nous en avions vu de grandes quantités au bord de l'étang que ces bois entourent, lors d'une ballade l'an dernier. Mais je ne m'attendais pas à en voir autant et surtout, autant de variétés d'amanites en même temps. Un vraie catalogue de l'espèce! Jugez-donc:
A peine engagées sur le chemin de l'étang, voici que nous tombons sous nos premières amanites, cachées dans un berceau d'arbustes et de de bouleaux: des amanites panthères dont certaines ont perdu leurs "pierreries" à cause de la pluie:
A peine quelques pas plus loin, voici nos premières tue-mouches. En voici une sur la petite vingtaine qui composait la troupe.
Nous nous engageons sur un chemin. A notre gauche, un talus assez abrupt de 3m de hauteur environ et qui longe le chemin. Il s'avère couvert d'amanites panthères! Elles se dressent à la verticale dans la pente telles de petits arbres. Le talus en est couvert sur facilement 50 m!
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Les voyez-vous? Sur cette photo, on en voit une dizaine |
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Les amanites luttent pour pousser verticales malgré la pente. |
Un peu plus loin, c'est sur le bord du chemin que nous trouvons en grande quantité notre troisième variété d'amanites: l'amanite vaginée (amanita vaginata). C'est une petite amanite moins connue. Elle et ses 2 cousines, la fauve et la safran, ont pour particularité de n'avoir pas d'anneau. Leur chapeau est finement strié, surtout à la marge. Leur pied est élancé et il comporte une volve, caractéristique de la famille amanite. Elle est comestible cuite mais toxique crue.
Alors que nous nous enfonçons un peu plus dans le bois, voilà que nous retrouvons des tue-mouches. Et cette fois-ci, c'est par plaques de plusieurs dizaines de spécimens, dont la plupart sont énormes. Certains "tapis" d'amanites sont visibles de loin mais bien à l'abri dans une zone buissonneuse du bois où l'accès n'est pas facile. Nous avons pu tout de même nous approcher de certaines zones.
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Un premier petit groupe au bord du chemin |
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Une vingtaine de très gros spécimens sont cachés derrière un rideau d'arbre |
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En nous approchant, nous en découvrons de nouveaux, cachés sous les branchages.... |
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Sur la droite par rapport à la première photo, nous découvrons dans la pente un magnifique "rond de sorcières" d'une vingtaine d'individus. |
Rien que sur la zone photographiée, il y aurait eu de quoi ramasser une centaines d'amanites et en cheminant, nous avons aperçu plusieurs endroit semblables dans le bois.
Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. Tout près de nos amanites tue-mouches, voilà que nous voyons d'autres tapis de champignons, mais d'une autre espèce. Bien que couverts de pierreries comme les tue-mouches, impossible de les confondre. Il s'agit d'amanites citrines.
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Je profite de ce très beau spécimen pour revoir avec Pauline le vocabulaire: pied, chapeau, lamelles, volve, anneau |
Alors que nous cheminons au milieu des citrines, des amanites vaginées refont leur apparition et même leur cousine l'amanite fauve!
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Comme la vaginée, mais avec une belle couleur fauve. Les fines stries du chapeau sont bien visibles. |
Je sais que notre région est fertile pour l'amanite phalloïde (il en pousse même au bord des arbres dans certaines rues de notre village!) et je m'étonnais de ne pas en avoir encore vu. Mais je n'eus pas à attendre longtemps. Je découvris bientôt notre première phalloïde, bien cachée sous le lierre, avant d'en découvrir un joli petit tapis un peu plus loin. De quoi empoisonner tout le village!
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Le chapeau (de blanc à verdâtre en passant par la jaune) est dénué de pierreries. L'aspect est velouté faisant comme des mèches et s'éclaircit vers la marge. |
Nous ne nous sommes pas trop éternisées près de ces tueurs ne souhaitant pas les toucher par inadvertance. Le premier chemin que nous avions emprunté nous avait maintenant ramené vers l'étang et il était temps d'aller explorer une autre partie du bois plantée d'arbres différents. Une zone comprenant pas mal de pin et une zone de feuillus mixtes avec pas mal de chênes et de châtaigniers.
J'avais en tête d'y trouver d'autres espèces comme les russules, les lactaires et des bolets. Nous les avons effectivement trouvés. Mais nous avons continué à voir nos chères amies les amanites! Décidément, c'était leur pleine période de pousse.
Sous les conifères, ce sont des amanites certainement rougissantes que nous trouvons, quoique leur chapeau rappelle plus l'amanite épaisse. Mais leur pied rougissant à la base et la chair de quelques une rougissant à la coupe, je penche plus pour les premières.
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A première vue, elles me faisaient penser à des amanites épaisses |
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Mais leur chair se met à rougir, trahissant l'amanite rougissante. |
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Une voilà une plus pâle et plus vieille |
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Un escargot ou une limace a grignoté son anneau... |
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La chair semble avoir imperceptiblement rougi sous la peau du chapeau mais pas ailleurs. Par contre, les stries rougeâtres du pied très épais à la base semblent bien dénoncer une rougissante... |
Lors de notre passage dans la partie feuillus mixtes (chêne / châtaignier), le couvert plus épais et la terre plus argileuse semblait moins convenir à nos amies amanites. Elles ne se sont montrées qu'avec parcimonie.
Lors de notre retour à la voiture, nous avons à nouveau longé l'étang, creusé dans un ancienne sablière et bordé d'une boulaie (bois de bouleaux). Comme je m'y attendais, nous y avons allons retrouvé nos amanites en pagaïe!
Tout près de l'eau, des tue-mouches. Et sur les bords du chemin, une alternance de mortelles phalloïdes et de comestibles rougissantes. Autant dire que les amateurs de rougissantes doivent être sacrément attentifs pour ne pas commettre d'erreurs!
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Phalloïdes dans le talus avec un chapeau presque crème |
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Ce specimen-là est jaune verdâtre |
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Quant à cette amanite, c'est une rougissante, donc comestible! |
Je crois que je n'avais jamais vu autant d'espèces d'amanites différente en même temps sur un territoire aussi petit! Du coup, le reste de nos trouvailles nous a paru moins intéressant même si nous avons fait des belles trouvailles, y compris quelques beaux petits cèpes!
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Un tapis de petits champignons, sans doute de la famille des colonies |
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Un petit groupe de lactaires poivrés |
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On aurait pu croire que nous avions trouvé des chanterelles. Hélas, ce ne sont que des clitocybes orangés, médiocres comestibles... |
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Cette drôle de chose appartient à la familles des myxomycètes qui ne fait plus partie de l'ordre des champignons. Cette mousse gélatnieuse jaune vif se nourrit de bois mort et peut se déplacer! Cette variété assez commune se nomme "fleur de tan" (fuligo septica) |
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Un magnifique rond de sorcière. |
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Une petite lépiote. Mieux vaut ne pas les cueillir si elles sont petites. Si la lépiote élevée (coulemelle) est délicieuse, il existe un certain nombre de petites lépiotes très toxiques... |
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Ces champignons curieux sont des coprins pie. Ces champignons deviennent déliquescents en vieillissant |
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Sous une haie, un très beau spécimen de rosé des pré (agarics campestris), un cousin du champignon de Paris excellent comestible. malheureusement, sous la haie d'un jardin et le long d'une route, mieux vaut ne pas le manger pour ne pas risquer d'ingérer éventuellement désherbant ou pesticide si le jardinier n'est pas bio et métaux lourds issus des pots d'échappement... |
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Le bois regorge de russules. Celles-ci sont sans doute des charbonnières, mais il existe des très nombreuses variétés de russules et pas toutes comestibles. |
Bref, notre ballade impromptue fut riche en trouvailles. Pauline, qui aime beaucoup les champignons, commence à retenir quelques noms et arrive à reconnaître quelques grandes familles comme les amanites (!), mais aussi les bolets grâce à leur tubes, les lactaires avec leurs lamelles qui coulent lorsqu'on les casse et les russules à leur aspect général. Nous rêvons de trouver un bois avec des trompettes de la mort, mais je n'en ai jamais trouvé dans la région...
Mais où as-tu appris tout ça ? Nous cherchons un guide pour une sortie mycologique avec les enfants, je crois que nous avons trouvé !!!
RépondreSupprimerJ'ai eu la chance d'aller ramasser les champignons avec une grand-tante qui s'y connaissait quand j'étais enfant. Entre 18 et 25 ans, je m'étais acheté plein de guides, dont le magnifique livres de Roger Phillips chez Solar devant lequel je pouvais passer des heures quand je ne faisais pas diversions grecques ou latines. Et puis je sortais régulièrement en forêt, j'allais parfois à la société linéénne de Lyon montrer mes trouvailles aux membres de la section mycologie. Tout ça m'est bien resté ;-)
SupprimerSi on trouve l'occasion d'une sortie champignons ensemble, c'est avec plaisir, bien sûr!
Great read, thankyou
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