En fonction des écoles, les réponses sont variables. Certaines n'acceptent pas d'enfants qui ne viennent pas d'un cursus montessorien, ou alors de manière très exceptionnelle. D'autres acceptent tous les enfants, surtout quand la classe 6-12 ouvre avant que la classe 3-6 ait pu devenir un vivier suffisant pour la classe 6-12.
C'est ce que nous avions vécu à l'école, puisque la 1ère année, sur les 11 enfants de 6-12, seule Clémence avait fait tous le cursus 3-6 ans et 4 enfants avaient participé à des ateliers Montessori de manière plus ou moins régulière, hors temps scolaire, un à deux ans avant l'ouverture de l'école. Les 6 autres découvraient totalement et une bonne partie d'entre eux arrivaient avec une histoire compliquée dans leur expérience précédente de l'école.
Comment faire alors pour arriver à créer cette communauté qu'est une classe 6-12 ans alors que toutes les formations ne traitent généralement que du cas d'enfants arrivant du 3-6 ans, donc déjà "normalisés", ayant l'habitude du travail en autonomie et ayant acquis un bon nombre de notions académiques?
C'est pourquoi, lorsque j'ai découvert que les Editions "L'Ecole vivante" sortaient un livre intitulé "Quand les enfants commencent après 6 ans", j'ai été très intéressée et je me suis empressée de l'acheter.
Premier point, le livre est agréable à lire, joliment illustré de photos prises dans une ambiance 6-12 et il se dégage du texte et des image une sensation apaisante.
Vanessa Toinet, fondatrice de l'Ecole Montessori du Morvan, est l'auteur de ce livre, avec Sylvia Dorance et une grande partie du livre repose sur son expérience à l'école du Morvan, ce qui rend ce livre très intéressant car il est basé sur des expériences vécues.
L'une des pages que vous pouvez lire sur le site de l'Ecole Vivante |
En tant qu'éducateur en classe 6-12, on retrouve au fil de ce livre quantité d'expériences et de situations réelles auxquelles nous sommes inévitablement confrontés et les auteurs ont le courage d'évoquer aussi le rôle des parents et des expériences qui parfois n'aboutissent pas.
J'ai été moins convaincue par la fin du livre qui aborde le langage et le calcul de manière forcément très succincte et qui s'adresse plutôt à des enfants jeunes. Mais tout le reste du livre est pertinent.
le sommaire du livre |
Certes, si vous cherchez des recettes toutes faites, vous n'en trouverez pas dans ce livre. Ça ne serait d'ailleurs pas très montessorien! Ce livre aide à prendre du recul, à lâcher prise et à accueillir correctement l'enfant. Il fait une large place à la vie pratique et à la vie sensorielle qui n'est pas à négliger (même si j'aurais attendu un développement sur l'artisanat qui me paraît hautement approprié, voire indispensable en 6-12). Il aborde la question du groupe, de l'intégration, des règles, de l'évaluation, du rapport aux parents... Bref, tout un tas de sujets cruciaux, qui auraient parfois pu être plus développées mais qui constituent déjà une bonne base de réflexion pour entamer l'indispensable approfondissement personnel de la question.
Ce livre n'égale pas pour moi l'excellent (et quasi fétiche!) "Quand l'école s'adapte aux enfants" de Donna Bryant-Goertz. Néanmoins, il gagne à être lu car c'est l'un des rares témoignages de fonctionnement d'une classe 6-12 ans en France et qu'il ne peut qu'encourager les éducateurs français à persévérer dans leur voie.
Je vous le recommande donc.
Edit à la demande des éditions de l'Ecole Vivante: si ce livre vous intéresse, inutile de le chercher en librairie, il est uniquement disponible sur le site de l'éditeur où vous pourrez choisir de l'acheter en version papier ou électronique.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe vous suis depuis quelques années déjà et suis toujours avec intérêt vos différents articles. Je rebondis sur une de vos remarques : "l'artisanat me parait hautement approprié, voire indispensable en 6-12 ans". J'en suis convaincue mais je manque de ressources pour le transmettre à mes enfants ou à mes élèves. Auriez-vous des idées d'activités, des ressources accessibles pour les enfants? Merci! Céline
Bonjour Céline,
SupprimerParmi les activités que je proposais régulièrement, il y a avait le tissage, le tricotin, la broderie, le crochet (pas le tricot parce que je n'y arrive pas mais vous pouvez sans problème le proposer si vous maîtrisez), la couture, les scoubidous, le modelage, la laine feutrée, le décopatch, les sequins, l'origami...
Certains enfants venaient avec leurs ciseaux pour graver le bois ou le tuffeau. J'aurais aimé pouvoir faire de la vannerie et du travail du bois mais je ne maîtrisais pas suffisamment.
Pour le crochet, c'est la grand-mère d'un élève qui nous a tous initiés puis, une fois que j'avais les bases, j'ai appris seules deux ou 3 techniques suffisantes pour faire des "granny squares" notamment.
Merci pour votre réponse. Je vais essayer de proposer ces activités à mes élèves un peu plus régulièrement!
SupprimerBonjour, merci pour tous vos articles précis et inspirants ! Nous avons ouvert une classe 6-9 avec des enfants arrivant du classique uniquement et passons du temps quotidiennement en vie pratique (préparation du goûter à tour de rôle, rangement et nettoyage). Pour certains enfants, le besoin de dessiner, plier (origami), découper, crocheter semble intarissable. J'ai donc suivi ce que j'ai pu observer chez Clémence Laloue, à savoir le crochet, la broderie ou le point de croix uniquement pendant la relaxation et la lecture offerte. Pour le dessin ou le découpage, je les canalise via la géométrie (divers tracés au compas, ils en font quotidiennement !) et construction des volumes géométriques à l'aide de patrons déjà imprimé (puis quand le stock s'epuise, ils fabriquent leur patron eux-mêmes), pour le dessin, je les "autorise" (sic) à s'en servir comme support des dessins contés ou de leurs exposés, ou en géographie (drapeaux, contours et coloriage des pays), il y en a même qui dessinent les chaînes pour compter en sautant ! Ils "adorent" la grammaire quand ils peuvent dessiner les symboles, j'ai l'impression qu'ils détournent parfois les activités pour que ce soit l'occasion d'un dessin et qu'ils choisissent leurs activités en fonction de leur envie de dessiner... Les fiches à encoche de conjugaison les enthousiasment beaucoup moins par excemple :-) ça ne me dérange pas en soi si je vois qu'ils travaillent, mais j'aurais besoin d'un avis au cas où je ferais fausse route... merci beaucoup!
RépondreSupprimerBonjour Hélène,
SupprimerJe réponds enfin à votre commentaire.
Ce qui me semble important d'observer, c'est l'enthousiasme des enfants, leur implication leur prise de responsabilité par rapport à leurs activités.
Il est tout à fait normal qu'une activité comme les fiches à encoches ne passionnent pas les enfants. Elles ne sont qu'un outil qui va leur permettre d'améliorer leurs productions d'écrits. Si les enfants sont dans l'envie d'apprendre, curieux, plein de projets de recherches qu'ils mènent effectivement à bien, alors ils vont beaucoup progresser et ceux qui en ont besoin se mettront aux fiches à encoches avec intensité s'ils en ont besoin.
Un enfant qui conjugue naturellement bien et commet peu de fautes d'accord n'a pas besoin d'y passer spécialement du temps. Il vaut beaucoup mieux qu'il passe plus de temps en activités de culture, de géométrie...
Le dessin est un formidable média pour synthétiser des connaissances. Vous pouvez, si besoin, commencer à amener une réflexion sur l'illustration d'un exposé: quel dessin réaliser? pourquoi? Quelle différence entre une illustration et un schéma? Quelles règles respecter pour présenter un dessin (titre, légende)? Ce sera un véritable travail qui leur permettra de continuer à utiliser le dessin comme un très bon outil d'apprentissage. On peut aussi montrer aux enfants comment utiliser un dessin pour aider à la mémorisation d'une règle, d'une leçon...